Iris convoque Hélène sur les remparts
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Bareste (1843)   Leconte de Lisle (1867)

Iris se rend près d'Hélène aux bras d'albâtre, sous les traits de la belle-sœur de cette princesse, Laodicée, qui avait épousé le roi Hélicaon, fils d'Antênor, et la première en beauté des filles de Priam. La déesse trouve Hélène dans son palais : elle brodait un long voile de pourpre, doublement tissu, et traçait sur ce voile les combats que soutenaient pour elle les Troyens dompteurs de coursiers, et les Grecs revêtus d'airain. La légère Iris s'approche d'elle et lui dit :  

   « Venez ici, nymphe chérie, contempler les faits admirables des Troyens et des Grecs. Naguère ils portaient dans les campagnes toutes les horreurs du carnage, et ils ne respiraient que les combats sanglants. Maintenant, silencieux et immobiles ( car la guerre a cessé ), ils se tiennent appuyés sur leurs boucliers ; et leurs longues lances sont fixées dans la terre. Cependant Paris et le vaillant Ménélas, armés de forts javelots, vont combattre pour vous, Hélène, et le vainqueur vous nommera la compagne bien-aimée de sa couche. »

    Ces paroles de la déesse font naître dans le cœur d'Hélène le doux désir de revoir son premier époux, ses parents et sa patrie. Elle se couvre de voiles éclatants de blancheur, et sort du palais en versant des larmes de tendresse. Elle n'est point seule : deux femmes suivent ses pas, Éthra, fille de Pithée, et Clymène aux grands yeux ; bientôt elles arrivent aux portes de Scées.

 

Et la messagère Iris s'envola chez Hélénè aux bras blancs, s'étant faite semblable à sa belle-sœur Laodikè, la plus belle des filles de Priamos, et qu'avait épousée l'Antènoride Hélikaôn.

  Et elle trouva Hélénè dans sa demeure, tissant une grande toile double, blanche comme le marbre, et y retraçant les  nombreuses  batailles que  les Troiens dompteurs de chevaux et les Akhaiens revêtus d'airain avaient subies pour elle par les mains d'Arès. Et Iris aux pieds légers, s'étant approchée, lui dît :

      -Viens, chère Nymphe, voir le spectacle admirable des Troiens dompteurs de chevaux et des Akhaiens revêtus d'airain. Ils combattaient tantôt dans la plaine, pleins de la fureur d'Arès, et les voici maintenant assis en silence, appuyés sur leurs boucliers, et la guerre a cessé, et les piques sont enfoncées en terre. Alexandros et Ménélaos cher à Arès combattront pour toi, de leurs longues piques, et tu seras l'épouse bien année du vainqueur.

  Et la Déesse, ayant ainsi parlé, jeta dans son cœur un doux souvenir de son premier mari, et de son pays, et de ses parents. Et Hélénè, s'étant couverte aussitôt de voiles blancs, sortit de la chambre nuptiale en pleurant ; et deux femmes la suivaient, Aithrè, fille de Pittheus, et Klyménè aux yeux de bœuf. Et voici qu'elles arrivèrent aux portes Skaies.