Chant III
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 Aussitôt que, sous les ordres de leurs chefs, tous ces peuples sont rangés en bataille, les Troyens s'avancent comme une nuée d'oiseaux, en poussant de vives clameurs : ainsi retentit sous la voûte des cieux la voix éclatante des grues, lorsqu'elles fuient les hivers et les violents orages ; alors, avec des cris perçants, elles volent vers l'Océan rapide, portent aux Pygmées la déso­lation et la mort, et, du haut des airs, leur livrent de cruels combats. Mais les Grecs, respirant la guerre, marchaient en silence, et brûlaient de se donner un mutuel appui.

     Comme le Notus répand sur le sommet des montagnes un brouillard épais, redouté des bergers, et plus favorable au voleur que la nuit même, car la vue ne s'étend point alors au delà du jet d'une pierre, ainsi s'élèvent des tourbillons de poussière sous les pieds des guerriers qui s'avancent, et qui traversent rapi­dement la plaine.

     Dès que les deux armées sont rapprochées, Pâris, semblable aux dieux, paraît à la tête des Troyens : il a sur ses épaules une peau de léopard, son épée et son arc recourbé ; brandissant deux lances à la pointe d'airain, il provoque les plus illustres des Grecs, et les appelle à soutenir un combat terrible.

     L'intrépide Ménélas, le voyant s'avancer hors des rangs et marcher à grands pas, se réjouit comme un lion affamé qui ren­contre une proie immense, un cerf aux cornes élevées, ou bien une chèvre sauvage ; il les dévore avidement, lors même qu'une jeunesse vaillante et des chiens agiles le poursuivent avec ar­deur : tel Ménélas est plein de joie lorsque Pâris s'offre à sa vue, parce qu'il se promet de punir le coupable ; revêtu de ses armes, il saute aussitôt de son char.

     Mais Pâris, qui l'aperçoit aux premiers rangs, est frappé de terreur, et se réfugie parmi ses compagnons pour éviter la mort. Ainsi lorsqu'un voyageur découvre un énorme serpent dans le fond d'une vallée, il recule, saisi de crainte ; un tremblement subit agite ses membres, et il s'enfuit la pâleur sur le front : de même le beau Pâris, redoutant le fils d'Atrée, court se perdre dans la foule des superbes Troyens; mais Hector à cette vue l'accable de sanglants reproches.

     « Misérable, dit-il, sois donc fier de ta beauté ; guerrier effé­miné , vil-séducteur, plût aux Dieux que tu ne fusses jamais né, ou que tu fusses mort sans hymen ! Certes je l'aurais préféré : cela valait mieux que d'être aux yeux de tous un objet de honte et d'opprobre. Oui, les valeureux Grecs se rient de toi, eux qui te croyaient brave parce que tu possèdes la beauté ; mais tu n'as dans le cœur ni force ni courage. Étais-tu donc aussi lâche lorsque, réunissant des compagnons fidèles, traversant avec eux les mers sur tes vaisseaux rapides, te mêlant aux nations étran­gères, tu enlevais d'une terre éloignée cette femme si belle, sœur de héros belliqueux ? Pourquoi faire ainsi le malheur de ton père, de ta patrie, de tout un peuple, la joie de nos ennemis, et ton propre déshonneur ? Que n'attendais-tu le vaillant Ménélas ? tu saurais maintenant de quel héros tu retiens l'épouse chérie. A quoi t'auraient servi ta lyre et les dons de Vénus, ta chevelure et ta beauté, lorsqu'il t'aurait traîné dans la poussière ? Va, les Troyens sont trop faibles ; ils auraient dû déjà te couvrir d'un vêtement de pierre, pour te punir de tous leurs maux. »

      « Hector, lui répond Pâris, dont la beauté semble divine, tes reproches ne sont point injustes, je les ai mérités : mais ton cœur est indomptable comme la hache qui pénètre le chêne, lorsque, secondant le bras d'un ouvrier habile, elle sépare de sa racine le bois destiné aux navires; telle est, dans ton sein, ton âme inflexible. Toutefois, ne me reproche point les dons aimables de Vénus ; il ne faut pas rejeter les nobles présents que nous accorde le ciel, puisque personne ne peut se les donner à son gré. Si tu veux que j'affronte aujourd'hui la guerre et ses périls, arrête les Troyens et tous les Grecs ; qu'au milieu des deux camps l'intrépide Ménélas et moi nous combattions pour Hélène et pour ses trésors. Le vainqueur, maître de cette femme et des richesses qu'elle possède, la ramènera dans ses foyers, et les peuples cimenteront la paix par la foi des serments : alors, Troyens, vous habiterez les champs fertiles d'Ilion ; les Grecs retourneront dans Argos, fière de ses coursiers, et dans l'Achaïe, féconde en belles femmes. »

     A ces mots, Hector, rempli de joie, s'avance entre les deux armées, et, saisissant le milieu de sa lance, il retient les phalanges des Troyens ; tous s'arrêtent a l'instant. Mais les Grecs dirigent leurs flèches contre ce héros, l'accablent de traits et de pierres ; lorsque Agamemnon, roi des hommes, s'écrie d'une voix forte :  « Arrêtez, Argiens ; suspendez vos coups, fils des Grecs ; le vaillant Hector semble vouloir nous parler. »

     Il dit : les Grecs cessent de combattre, et le silence se rétablit aussitôt. Hector cependant adresse ce discours aux deux armées :

     « Troyens, et vous, Grecs valeureux, sachez de moi la pensée de Pâris, pour qui s'alluma cette guerre : il demande que tous vous déposiez vos armes sur la terre fertile, qu'au milieu des deux camps l'intrépide Ménélas et lui combattent pour Hélène et pour ses trésors. Le vainqueur, maître de cette femme et des richesses qu'elle possède, la ramènera dans ses foyers ; et nous cimenterons l'alliance par la foi des serments. »

   A ces mots tous gardent un profond silence.

   « Écoutez-moi, leur dit alors le vaillant Ménélas : depuis long­temps une profonde douleur a pénétré mon âme ; je désire que les Grecs et les Troyens se séparent enfin : ils ont souffert assez de maux à cause de mes débats avec Pâris, qui fut l'agresseur. Ce­lui de nous deux à qui le destin a réservé le trépas, qu'il meure ! que les autres se séparent aussitôt. Troyens, apportez un agneau blanc pour le Soleil, une brebis noire pour la Terre ; et nous aussi sacrifions une brebis à Jupiter. Que Priam vienne recevoir nos serments lui seul, car ses fils sont infidèles et parjures ; et que nul désormais n'ose violer la foi jurée à Jupiter. Toujours l'esprit des jeunes gens est prompt à changer ; mais quand un vieillard survient, il voit dans le passé et dans l'avenir ce qui peut être également avantageux aux deux partis. »

     Ainsi parle Ménélas. Les Troyens et les Grecs se réjouissent, espérant terminer enfin cette guerre funeste ; ils retiennent les coursiers dans les rangs , s'élancent des chars, se dépouillent de leurs armures, et les déposent sur la terre tout près les unes des autres, car un étroit espace séparait les armées.

    Aussitôt Hector envoie deux hérauts dans la ville pour con­duire les victimes et prévenir Priam. Le puissant Agamemnon envoie Talthybius vers les navires, et lui commande d'apporter un agneau ; Talthybius s'empresse d'obéir aux ordres du roi.

    Cependant Iris arrive vers Hélène sous les traits de Laodice, belle-sœur de cette princesse, et femme du fils d'Anténor ; car le fils d'Anténor, le puissant Hélicaon, avait épousé Laodice, la plus belle des filles de Priam. La déesse trouve Hélène dans son palais ; elle brodait un long voile de pourpre, et traçait les nombreux combats que supportaient pour elle les Troyens et les valeureux Grecs. Iris, aux pieds légers, s'approche et lui dit :

    « Accourez, sœur chérie, contemplez les faits étonnants des Troyens et des Grecs : naguère ils se livraient dans la plaine à toutes les horreurs du carnage, et ne respiraient que les combats sanglants ; maintenant en silence, car la guerre a cessé, tous sont appuyés sur leurs boucliers, et leurs longues lances sont fixées dans la terre. Cependant Pâris et le vaillant Ménélas vont combattre pour vous, et le vainqueur vous nommera son épouse. »

     Ces paroles de la déesse jettent dans le cœur d'Hélène un vif désir de revoir son premier époux, ses parents et ses anciens amis. Elle se couvre d'un voile brillant, et sort de son palais, en versant quelques larmes : elle n'était point seule, deux femmes la suivaient, Éthra, fille de Pitthée, et la belle Clymène. Bientôt elles arrivèrent aux portes de Scées.

      Là Priam, Panthoüs, Thymétès, Lampus, Clytius, Hicétaon, rejeton du dieu Mars, le prudent Ucalégon, et le sage Anténor, tous anciens du peuple, étaient assis au-dessus des portes de Scées ; la vieillesse les éloignait des combats, mais, pleins de sa­gesse, ils discouraient, semblables à des cigales qui, sur la cime d'un arbre, font retentir la forêt de leurs voix mélodieuses. Ainsi les chefs des Troyens étaient assis au sommet de la tour. Quand ils virent approcher Hélène, ils dirent entre eux à voix basse :

    « Ce n'est pas sans raison que les Troyens et les Grecs valeu­reux supportent pour une telle femme de si longues souffrances : elle ressemble tout à fait aux déesses immortelles ; mais, malgré sa beauté, qu'elle retourne sur les vaisseaux des Grecs, de peur qu'elle n'entraîne notre ruine et celle de nos enfants. »

     Ainsi parlèrent les vieillards ; mais Priam, en élevant la voix, appelle Hélène près de lui :

     « Approche, ô ma chère enfant, dit-il ; viens t'asseoir à mes côtés, afin que tu reconnaisses ton premier époux, tes amis, et tes parents : ce n'est point toi, ce sont les dieux qui furent la cause de nos maux, et qui suscitèrent cette guerre, source de tant de larmes. Mais, dis-nous le nom de ce héros remarquable, de ce Grec si fort et si majestueux ; d'autres peut-être le sur­passent par la hauteur de leur taille ; mais tant de beauté unie à tant de noblesse n'a jamais frappé mes regards. Sans doute ce héros est un roi. »

     Hélène lui répond en ces mots, Hélène, la plus belle des femmes :

     « Je suis honteuse et craintive devant vous, ô mon noble père : plût aux dieux que j'eusse reçu la mort le jour où je suivis ici votre fils, lorsque j'abandonnai le palais de mon époux, mes pa­rents, ma fille chérie, et les aimables compagnes de ma jeunesse ! Mais il en fut autrement, et je me consume dans les larmes. Toutefois, je vais vous dire ce que vous me demandez. Ce prince est le fils d'Atrée, le puissant Agamemnon : il est en même temps roi sage et guerrier vaillant ; je le nommais mon frère. Hélas ! que ne l'est-il encore ! »

     « Heureux Atride, s'écrie le vieillard frappé d'admiration, tu naquis sous un destin favorable ; ô roi fortuné ! puisque les nombreux enfants de la Grèce sont soumis à ton empire. Autre­fois j'allai dans la Phrygie, fertile en vignes : là je vis la foule des Phrygiens, habiles à diriger les coursiers, peuple d'Otrée et de Mygdon, semblable aux dieux ; ils avaient posé leur vaste camp sur les rives du Sangarius ; et moi, je me trouvais avec eux, comme allié, quand vinrent les belliqueuses Amazones. Mais combien ces peuples étaient moins nombreux que les Grecs aux vifs regards ! »

     Le vieillard, apercevant Ulysse, interroge Hélène une seconde fois :

     « Dis-moi, ma fille, quel est cet autre guerrier ; sa taille est moins élevée que celle d'Agamemnon, mais ses épaules et sa poitrine ont plus de largeur. Ses armes reposent sur la terre fer­tile ; lui, comme le chef d'un troupeau, parcourt les rangs des soldats. Je le compare au bélier couvert d'une épaisse toison, qui marche fièrement au milieu d'un grand troupeau de blan­ches brebis. »

     Hélène, la fille de Jupiter, répond : « C'est le fils de Laërte, l'ingénieux Ulysse ; il fut nourri dans Ithaque, quoique le pays soit stérile ; ses ruses sont inépuisables, et ses conseils pleins de sagesse. »

     Anténor, interrompant Hélène, « Femme, dit-il, tout ce que vous racontez est vrai ; car déjà le divin Ulysse et le vaillant Ménélas sont venus ici comme ambassadeurs, à cause de vous, Hélène : je leur ai donné l'hospitalité, je les ai reçus en ami dans mon palais, et j'ai pu connaître leur caractère et leurs sages con­seils. Lorsqu'ils se mêlaient aux Troyens dans nos assemblées, s'ils étaient debout, la taille de Ménélas paraissait plus élevée ; s'ils étaient assis, Ulysse avait plus de dignité. Dans leurs discours, proposaient-ils des avis à la multitude, l'éloquence de Ménélas était rapide : il parlait peu, mais avec force ; toujours concis, il ne s'écartait point du sujet, quoiqu'il fût le plus jeune. Quand le sage Ulysse se levait pour parler, immobile, les yeux baissés, les regards attachés à la terre, il tenait son sceptre en repos, sans le balancer d'aucun côté, comme un enfant sans expérience ; vous eussiez dit un homme saisi de colère, ou bien un faible in­sensé : mais lorsque sa voix sonore s'échappait de son sein, ses paroles se précipitaient comme d'innombrables flocons de neige dans la saison de l'hiver ; nul homme alors n'aurait lutté contre Ulysse, et jamais, en le contemplant, nous n'avions autant ad­miré sa beauté. »

     Enfin Priam, apercevant Ajax, interroge Hélène une troisième fois :

     « Quel est cet autre Grec, dit-il, et si fort, et si grand, qu'il surpasse tous les guerriers par ses larges épaules et par sa tête élevés ? »

     « C'est, répondit Hélène, le puissant Ajax, le rempart des Grecs. Non loin de là paraît Idoménée, tel qu'un dieu, au milieu de ses Crétois ; les chefs de la Crète sont assemblés autour de lui. Lorsque jadis il quittait sa patrie, souvent Ménélas lui donna l'hospitalité dans notre palais. J'aperçois beaucoup d'autres Grecs au regard terrible : je les reconnais, il me serait facile de les nommer ; mais il est deux chefs des peuples que je ne puis dé­couvrir, Castor, habile à dompter un coursier, et Pollux, plein de force au pugilat : ce sont mes frères, la même mère nous a donné le jour. Seraient-ils restés dans la riante Lacédémone ? ou, s'ils sont venus sur leurs vaisseaux rapides, ne voudraient-ils donc pas se mêler aux combats des héros, tant ils redoutent ma honte et mon opprobre ? »

     Elle parlait ainsi ; mais déjà tous deux étaient ensevelis à La­cédémone, dans la terre de leur douce patrie.

     Cependant les hérauts portaient à travers la ville les gages sacrés des serments, deux agneaux, et, dans une outre de peau de chèvre, le vin réjouissant, doux fruit de la terre ; Idéus portait aussi l'urne brillante et les coupes d'or ; il se présente devant le vieillard, et l'excite par ces paroles :

     « Lève-toi, fils de Laomédon ; les plus illustres des Grecs et des Troyens t'appellent dans la plaine, pour recevoir la fidélité des serments. Pâris et l'intrépide Ménélas, armés de fortes lances, combattront pour Hélène ; et cette femme, avec ses nombreux trésors, sera le partage du vainqueur : alors, après avoir cimenté l'alliance par la foi des serments, nous reviendrons habiter les riches campagnes d'Ilion ; les Grecs retourneront dans Argos, fière de ses coursiers, et dans l'Achaïe, féconde en belles femmes. »

     Le vieillard à ces mots frissonne de crainte ; cependant il ordonne à ses compagnons de placer ses chevaux sous le joug ; ils obéissent avec zèle. Priam monte aussitôt, saisit et retient les rênes ; Anténor se place à ses côtés sur le char magnifique. Alors, franchissant les portes de Scées, ils dirigent dans la plaine leurs coursiers agiles.

     Lorsqu'ils sont arrivés près des Grecs et des Troyens, ils descendent du char, et s'avancent au milieu des deux armées. Agamemnon, roi des hommes, et le prudent Ulysse se lèvent à l'instant ; bientôt les hérauts vénérables rassemblent les gages des serments, mêlent dans l'urne le vin des deux peuples, et répandent l'eau sur les mains des rois. Atride tire le coutelas suspendu toujours auprès du long fourreau de son glaive, coupe de la laine sur la tête des agneaux, et les hérauts la distribuent aux chefs des Troyens et des Grecs. Ensuite, au milieu d'eux, Agamemnon prie à haute voix en élevant ses mains :

     « Jupiter, notre père, toi qui règnes sur l'Ida ; dieu glorieux et puissant, Soleil, qui vois tout et qui entends tout ; Fleuves, Terre, et vous, divinités qui dans les enfers punissez après la mort les hommes parjures, soyez nos témoins, maintenez la foi des serments : si Pâris immole Ménélas, qu'il garde Hélène avec ses trésors, et nous, retournons dans la Grèce sur nos légers na­vires ; si le blond Ménélas, au contraire, ravit le jour à Pâris, que les Troyens rendent Hélène et ses richesses, qu'ils payent aux Grecs une juste rançon, et que les siècles a venir en gardent la mémoire. Mais après la mort de Pâris si Priam et les fils de Priam refusent de payer ce tribut, je combattrai, pour l'obtenir, jusqu'au jour où je verrai la fin de cette guerre. »

     A ces mots, il égorge les agneaux, de son glaive cruel, et les dépose sur la terre, palpitants et privés de la vie, que leur ar­racha le fer. Tous ensuite puisent le vin dans l'urne, font des libations aux dieux immortels ; et chacun des Grecs et des Troyens prie en ces mots :

     « Grand et glorieux Jupiter, vous tous, dieux puissants, quels que soient les premiers qui violent les traités, faites que leur cervelle, et d'eux et de leurs enfants, se répande sur la terre comme ce vin, et que leurs épouses passent dans les bras des étrangers ! »

     Tels étaient leurs vœux ; mais Jupiter ne les exauça pas. Alors Priam, fils de Dardanus, adresse ces mots aux deux armées :

     « Écoutez-moi, Troyens, et vous, Grecs belliqueux : je retourne dans les remparts d'Ilion ; je ne pourrais supporter de voir devant mes yeux mon fils combattre le vaillant Ménélas ; Jupiter seul et les autres immortels savent auquel des deux le destin a réservé la mort. »

     Aussitôt le vieillard vénérable pose les victimes sur son char ; il monte, saisit et retient les rênes ; Anténor se place a ses cotés sur le char magnifique; et tous deux reprennent le chemin d'Ilion.

     Cependant Hector, fils de Priam, et le divin Ulysse mesurent d'abord le champ du combat ; ils agitent ensuite les sorts dans un casque d'airain, afin de savoir qui le premier lancera son jave­lot ; et les deux peuples, les mains élevées vers le ciel, prient ainsi :

     « Jupiter, notre père, toi qui règnes sur l'Ida, dieu glorieux et puissant, fais que celui qui suscita la guerre entre les deux peu­ples descende aujourd'hui dans les demeures de Pluton, que la paix et la foi des serments se rétablissent entre nous. »

     Tandis qu'ils parlaient ainsi, le vaillant Hector agite le casque, en détournant les yeux ; le sort désigne Pâris. Tous les soldats, assis, gardaient les rangs ; près d'eux reposent leurs coursiers, et leurs armes, aux couleurs variées. Alors le divin Pâris, l'époux d'Hélène à la blonde chevelure, se revêt d'une armure brillante : il entoure ses jambes de riches brodequins, que fixent des agrafes d'argent ; il place sur sa poitrine la cuirasse de son frère Lycaon, qui s'adapte à sa taille ; suspend à ses épaules un glaive d'airain enrichi d'argent, et s'arme d'un large et solide bouclier ; il couvre sa tête d'un casque soigneusement travaillé, ombragé d'une épaisse crinière, et surmonté d'une aigrette aux ondulations menaçantes ; enfin il saisit une forte lance, que sa main soulève sans effort. De son côté le vaillant Ménélas se couvrait de ses armes.

     S'étant armés ainsi, ils s'avancent tous deux au milieu, des guerriers, en se jetant des regards furieux ; à leur aspect les Grecs et les Troyens sont frappés de saisissement. Cependant ils se rapprochent, et s'arrêtent dans l'enceinte mesurée, en agitant leurs lances, animés l'un contre l'autre d'une égaie colère. Pâris, le premier, envoie sa longue javeline : elle frappe le vaste bouclier d'Atride, sans rompre l'airain ; la pointe se recourbe sur le dur bouclier. Ensuite Ménélas lance son javelot, en invoquant le grand Jupiter :

     « Père des dieux, donne-moi de punir un injuste agresseur, le sacrilège Pâris ; qu'il tombe sous mes coups, et qu'a l'avenir tout homme tremble d'outrager l'hôte qui le reçut avec amitié ! »

     Soudain, brandissant son immense javeline, il la lance, et frappe le bouclier arrondi du fils de Priam. Le trait redoutable perce le brillant airain, pénètre dans la superbe cuirasse, et dé­chire la tunique près du flanc ; Pâris s'incline, et se dérobe au noir trépas. Alors Atride, armé de son épée étincelante, lève le bras, atteint le rebord du casque ; mais le fer, brisé en mille éclats, s'échappe de sa main. Il gémit, et levant les yeux vers le ciel.

     « 0 Jupiter ! s'écrie-t-il, le plus injuste des dieux ! j'espérais enfin me venger de l'exécrable Pâris, et mon épée se rompt dans mes mains, et ma lance inutile n'a pu le frapper ! »

     Soudain il s'élance, saisit la longue crinière du casque, et, tenant son ennemi le front baissé, il l'entraîne vers les Grecs ; la courroie, ornée d'une épaisse broderie, qui retient le casque au-dessous du menton, serrait le cou délicat de Pâris. Ménélas l'eût entraîné sans doute, et se fût couvert d'une gloire immortelle, si Vénus à cette vue n'eût aussitôt rompu la courroie, dépouille d'un taureau vigoureux ; et le casque vide suit la forte main du guerrier. Celui-ci, le faisant tourner avec violence, le jette au mi­lieu des Grecs valeureux, et ses fidèles compagnons le relèvent à l'instant. Cependant Ménélas se précipite de nouveau, brûlant d'égorger son ennemi de sa lance d'airain ; mais Vénus, par sa puissance divine, enlève Pâris sans effort : elle l'enveloppe d'un épais nuage, et le transporte dans la chambre de l'hyménée, où s'exhalent de suaves parfums. Aussitôt la déesse court appeler Hélène ; elle la trouve sur le sommet de la tour, environnée d'une foule de Troyennes. Alors, la tirant doucement par sa robe odo­rante, elle lui parle sous la figure d'une femme avancée en âge qui la chérissait tendrement, et lui préparait les laines superbes, lorsque cette princesse habitait encore Lacédémone. Vénus, em­pruntant ses traits, lui tient ce discours :

     « Venez, accourez, Pâris vous invite à vous rendre près de lui. Ce héros, dans la chambre de l'hyménée, assis sur un lit ma­gnifique, est brillant de parure et de beauté : vous ne diriez pas qu'il vient de combattre un guerrier vaillant, mais qu'il va se rendre à quelque fête, ou qu'après les danses il goûte le repos. »

     Ces mots ont répandu le trouble dans l'âme d'Hélène ; mais dès qu'elle aperçoit le cou brillait de la déesse, ce sein qui, fait naître les désirs, et le vif éclat de ses yeux, frappée de surprise elle s'écrie :

     « Implacable Vénus, pourquoi veux-tu me séduire encore ? En quelle ville de la Phrygie ou de la douce Méonie désires-tu m'entraîner ? Est-il encore là quelque mortel que tu chérisses ! Puisque aujourd'hui Ménélas, vainqueur de Pâris, veut ramener dans ses foyers une indigne épouse, pourquoi venir ici méditer de nouvelles perfidies ? Va t'asseoir auprès de lui, renonce aux sentiers des immortels, et ne porte plus tes pas vers l'Olympe : sans cesse inquiète pour ton Troyen, garde-le soigneusement, heureuse d'être son épouse, ou même son esclave. Pour moi, je n'irai point partager sa couche ; ce serait une honte, et les Troyennes avec raison me poursuivraient de leurs mépris ; déjà mon âme est accablée de douleurs. »

     « Ne m'irrite pas, misérable, lui répond Vénus, enflammée de colère, de peur que dans ma fureur je ne t'abandonne, et ne te haïsse avec autant de violence que je t'ai chérie jusqu'à ce jour : oui, je susciterai de tristes discordes parmi les Grecs et les Troyens, et tu périras victime d'une affreuse destinée. »

     A ces mots la divine Hélène, glacée de crainte, se couvre en silence d'un voile éclatant de blancheur ; et, se dérobant à la vue des Troyennes, elle suit les pas de la déesse.

     Lorsqu'elles arrivèrent à la demeure de Pâris, les femmes se hâtaient de retourner à leurs travaux ; Hélène monte à la cham­bre de l'hyménée. La déesse au tendre sourire prend un siège, le met en face de Pâris ; Hélène s'y place, et, détournant les yeux, elle adresse à son époux ces reproches amers :

     « Te voilà donc revenu des batailles. Ah ! plutôt, que n'as-tu péri, vaincu par cet homme vaillant qui fut mon premier époux Tu te vantais jusqu'à ce jour de l'emporter sur l'intrépide Mé­nélas par ton courage, par ton bras, et par ta lance ; ose donc encore l'appeler à combattre contre toi !... Mais non, je te con­seille de cesser la guerre ; n'affronte plus le blond Ménélas dans les batailles avec tant de témérité, si tu ne veux expirer aussitôt sous sa lance. »

     « Chère épouse, lui répond Pâris, ne perce pas mon cœur de ces cruels reproches. Aujourd'hui Ménélas a vaincu par le secours de Minerve; je pourrai le vaincre à mon tour : il est aussi des dieux pour nous. Livrons-nous à l'amour sur cette couche. Jamais tant de désirs n'ont enivré mon âme, même lorsque, porté sur mes vaisseaux agiles, je t'enlevai de l'aimable Lacédémone, et que dans l'île Cranaé nous nous unîmes au sein de l'amour et du sommeil. Oui, maintenant je te chéris encore davantage, une plus tendre ardeur s'est emparée de mon âme. »

     A ces mots, il la précède vers la couche nuptiale, et son épouse la suit, tous deux reposent sur le lit magnifique.

     Cependant Ménélas, comme un lion, se précipite au milieu de la foule pour y découvrir Pâris ; mais ni les Troyens, ni leurs alliés, ne peuvent l'offrir à sa vue. Sans doute, aucun d'eux, s'il l'eût découvert, ne l'eût caché volontiers ; la mort cruelle leur était moins odieuse. Alors Agamemnon, roi des hommes, s'écrie :

     « Troyens, fils de Dardanus, et vous, alliés, écoutez ma voix : la victoire du vaillant Ménélas est évidente pour tous. Rendez-nous donc Hélène et tous ses trésors, payez aux Grecs un juste tribut, dont les siècles à venir puissent garder la mémoire. »

     Ainsi parle Agamemnon, et tous les Grecs applaudissent à ses  paroles.

  Αὐτὰρ ἐπεὶ κόσμηθεν ἅμ᾽ ἡγεμόνεσσιν ἕκαστοι,
Τρῶες μὲν κλαγγῆι τ᾽ ἐνοπῆι τ᾽ ἴσαν ὄρνιθες ὣς
ἠΰτε περ κλαγγὴ γεράνων πέλει οὐρανόθι πρό·
αἵ τ᾽ ἐπεὶ οὖν χειμῶνα φύγον καὶ ἀθέσφατον ὄμβρον
5
κλαγγῆι ταί γε πέτονται ἐπ᾽ ὠκεανοῖο ῥοάων
ἀνδράσι Πυγμαίοισι φόνον καὶ κῆρα φέρουσαι·
ἠέριαι δ᾽ ἄρα ταί γε κακὴν ἔριδα προφέρονται.
οἳ δ᾽ ἄρ᾽ ἴσαν σιγῆι μένεα πνείοντες Ἀχαιοὶ
ἐν θυμῶι μεμαῶτες ἀλεξέμεν ἀλλήλοισιν.

 

10
εὖτ᾽ ὄρεος κορυφῆισι Νότος κατέχευεν ὀμίχλην
ποιμέσιν οὔ τι φίλην, κλέπτηι δέ τε νυκτὸς ἀμείνω,
τόσσόν τίς τ᾽ ἐπιλεύσσει ὅσον τ᾽ ἐπὶ λᾶαν ἵησιν·
ὣς ἄρα τῶν ὑπὸ ποσσὶ κονίσαλος ὄρνυτ᾽ ἀελλὴς
ἐρχομένων· μάλα δ᾽ ὦκα διέπρησσον πεδίοιο.

 

15
οἳ δ᾽ ὅτε δὴ σχεδὸν ἦσαν ἐπ᾽ ἀλλήλοισιν ἰόντες,
Τρωσὶν μὲν προμάχιζεν Ἀλέξανδρος θεοειδὴς
παρδαλέην ὤμοισιν ἔχων καὶ καμπύλα τόξα
καὶ ξίφος· αὐτὰρ δοῦρε δύω κεκορυθμένα χαλκῶι
πάλλων Ἀργείων προκαλίζετο πάντας ἀρίστους
20
ἀντίβιον μαχέσασθαι ἐν αἰνῆι δηϊοτῆτι.
τὸν δ᾽ ὡς οὖν ἐνόησεν ἀρηΐφιλος Μενέλαος
ἐρχόμενον προπάροιθεν ὁμίλου μακρὰ βιβάντα,
ὥς τε λέων ἐχάρη μεγάλωι ἐπὶ σώματι κύρσας
εὑρὼν ἢ ἔλαφον κεραὸν ἢ ἄγριον αἶγα
25
πεινάων· μάλα γάρ τε κατεσθίει, εἴ περ ἂν αὐτὸν
σεύωνται ταχέες τε κύνες θαλεροί τ᾽ αἰζηοί·
ὣς ἐχάρη Μενέλαος Ἀλέξανδρον θεοειδέα
ὀφθαλμοῖσιν ἰδών· φάτο γὰρ τίσεσθαι ἀλείτην·
αὐτίκα δ᾽ ἐξ ὀχέων σὺν τεύχεσιν ἆλτο χαμᾶζε.

 

30
τὸν δ᾽ ὡς οὖν ἐνόησεν Ἀλέξανδρος θεοειδὴς
ἐν προμάχοισι φανέντα, κατεπλήγη φίλον ἦτορ,
ἂψ δ᾽ ἑτάρων εἰς ἔθνος ἐχάζετο κῆρ᾽ ἀλεείνων.
ὡς δ᾽ ὅτε τίς τε δράκοντα ἰδὼν παλίνορσος ἀπέστη
οὔρεος ἐν βήσσηις, ὑπό τε τρόμος ἔλλαβε γυῖα,
35
ἂψ δ᾽ ἀνεχώρησεν, ὦχρός τέ μιν εἷλε παρειάς,
ὣς αὖτις καθ᾽ ὅμιλον ἔδυ Τρώων ἀγερώχων
δείσας Ἀτρέος υἱὸν Ἀλέξανδρος θεοειδής.
τὸν δ᾽ Ἕκτωρ νείκεσσεν ἰδὼν αἰσχροῖς ἐπέεσσιν·
Δύσπαρι εἶδος ἄριστε γυναιμανὲς ἠπεροπευτὰ
40
αἴθ᾽ ὄφελες ἄγονός τ᾽ ἔμεναι ἄγαμός τ᾽ ἀπολέσθαι·
καί κε τὸ βουλοίμην, καί κεν πολὺ κέρδιον ἦεν
ἢ οὕτω λώβην τ᾽ ἔμεναι καὶ ὑπόψιον ἄλλων.
ἦ που καγχαλόωσι κάρη κομόωντες Ἀχαιοὶ
φάντες ἀριστῆα πρόμον ἔμμεναι, οὕνεκα καλὸν
45
εἶδος ἔπ᾽, ἀλλ᾽ οὐκ ἔστι βίη φρεσὶν οὐδέ τις ἀλκή.
ἦ τοιόσδε ἐὼν ἐν ποντοπόροισι νέεσσι
πόντον ἐπιπλώσας, ἑτάρους ἐρίηρας ἀγείρας,
μιχθεὶς ἀλλοδαποῖσι γυναῖκ᾽ εὐειδέ᾽ ἀνῆγες
ἐξ ἀπίης γαίης νυὸν ἀνδρῶν αἰχμητάων
50
πατρί τε σῶι μέγα πῆμα πόληΐ τε παντί τε δήμωι,
δυσμενέσιν μὲν χάρμα, κατηφείην δὲ σοὶ αὐτῶι·
οὐκ ἂν δὴ μείνειας ἀρηΐφιλον Μενέλαον·
γνοίης χ᾽ οἵου φωτὸς ἔχεις θαλερὴν παράκοιτιν·
οὐκ ἄν τοι χραίσμηι κίθαρις τά τε δῶρ᾽ Ἀφροδίτης
55
ἥ τε κόμη τό τε εἶδος ὅτ᾽ ἐν κονίηισι μιγείης.
ἀλλὰ μάλα Τρῶες δειδήμονες· ἦ τέ κεν ἤδη
λάϊνον ἕσσο χιτῶνα κακῶν ἕνεχ᾽ ὅσσα ἔοργας.

τὸν δ᾽ αὖτε προσέειπεν Ἀλέξανδρος θεοειδής·
Ἕκτορ ἐπεί με κατ᾽ αἶσαν ἐνείκεσας οὐδ᾽ ὑπὲρ αἶσαν·
60
αἰεί τοι κραδίη πέλεκυς ὥς ἐστιν ἀτειρὴς
ὅς τ᾽ εἶσιν διὰ δουρὸς ὑπ᾽ ἀνέρος ὅς ῥά τε τέχνηι
νήϊον ἐκτάμνηισιν, ὀφέλλει δ᾽ ἀνδρὸς ἐρωήν·
ὣς σοὶ ἐνὶ στήθεσσιν ἀτάρβητος νόος ἐστί·
μή μοι δῶρ᾽ ἐρατὰ πρόφερε χρυσέης Ἀφροδίτης·
65
οὔ τοι ἀπόβλητ᾽ ἐστὶ θεῶν ἐρικυδέα δῶρα
ὅσσά κεν αὐτοὶ δῶσιν, ἑκὼν δ᾽ οὐκ ἄν τις ἕλοιτο·
νῦν αὖτ᾽ εἴ μ᾽ ἐθέλεις πολεμίζειν ἠδὲ μάχεσθαι,
ἄλλους μὲν κάθισον Τρῶας καὶ πάντας Ἀχαιούς,
αὐτὰρ ἔμ᾽ ἐν μέσσωι καὶ ἀρηΐφιλον Μενέλαον
70
συμβάλετ᾽ ἀμφ᾽ Ἑλένηι καὶ κτήμασι πᾶσι μάχεσθαι·
ὁππότερος δέ κε νικήσηι κρείσσων τε γένηται,
κτήμαθ᾽ ἑλὼν εὖ πάντα γυναῖκά τε οἴκαδ᾽ ἀγέσθω·
οἳ δ᾽ ἄλλοι φιλότητα καὶ ὅρκια πιστὰ ταμόντες
ναίοιτε Τροίην ἐριβώλακα, τοὶ δὲ νεέσθων
75
Ἄργος ἐς ἱππόβοτον καὶ Ἀχαιΐδα καλλιγύναικα.

ὣς ἔφαθ᾽, Ἕκτωρ δ᾽ αὖτ᾽ ἐχάρη μέγα μῦθον ἀκούσας,
καί ῥ᾽ ἐς μέσσον ἰὼν Τρώων ἀνέεργε φάλαγγας
μέσσου δουρὸς ἑλών· τοὶ δ᾽ ἱδρύνθησαν ἅπαντες.
τῶι δ᾽ ἐπετοξάζοντο κάρη κομόωντες Ἀχαιοὶ
80
ἰοῖσίν τε τιτυσκόμενοι λάεσσί τ᾽ ἔβαλλον·
αὐτὰρ ὁ μακρὸν ἄϋσεν ἄναξ ἀνδρῶν Ἀγαμέμνων·
ἴσχεσθ᾽ Ἀργεῖοι, μὴ βάλλετε κοῦροι Ἀχαιῶν·
στεῦται γάρ τι ἔπος ἐρέειν κορυθαίολος Ἕκτωρ.

ὣς ἔφαθ᾽, οἳ δ᾽ ἔσχοντο μάχης ἄνεώι τ᾽ ἐγένοντο
85
ἐσσυμένως· Ἕκτωρ δὲ μετ᾽ ἀμφοτέροισιν ἔειπε·
κέκλυτέ μευ Τρῶες καὶ ἐϋκνήμιδες Ἀχαιοὶ
μῦθον Ἀλεξάνδροιο, τοῦ εἵνεκα νεῖκος ὄρωρεν.
ἄλλους μὲν κέλεται Τρῶας καὶ πάντας Ἀχαιοὺς
τεύχεα κάλ᾽ ἀποθέσθαι ἐπὶ χθονὶ πουλυβοτείρηι,
90
αὐτὸν δ᾽ ἐν μέσσωι καὶ ἀρηΐφιλον Μενέλαον
οἴους ἀμφ᾽ Ἑλένηι καὶ κτήμασι πᾶσι μάχεσθαι.
ὁππότερος δέ κε νικήσηι κρείσσων τε γένηται
κτήμαθ᾽ ἑλὼν εὖ πάντα γυναῖκά τε οἴκαδ᾽ ἀγέσθω·
οἳ δ᾽ ἄλλοι φιλότητα καὶ ὅρκια πιστὰ τάμωμεν.

 

95
ὣς ἔφαθ᾽, οἳ δ᾽ ἄρα πάντες ἀκὴν ἐγένοντο σιωπῆι·
τοῖσι δὲ καὶ μετέειπε βοὴν ἀγαθὸς Μενέλαος·
κέκλυτε νῦν καὶ ἐμεῖο· μάλιστα γὰρ ἄλγος ἱκάνει
θυμὸν ἐμόν, φρονέω δὲ διακρινθήμεναι ἤδη
Ἀργείους καὶ Τρῶας, ἐπεὶ κακὰ πολλὰ πέπασθε
100
εἵνεκ᾽ ἐμῆς ἔριδος καὶ Ἀλεξάνδρου ἕνεκ᾽ ἀρχῆς·
ἡμέων δ᾽ ὁπποτέρωι θάνατος καὶ μοῖρα τέτυκται
τεθναίη· ἄλλοι δὲ διακρινθεῖτε τάχιστα.
οἴσετε ἄρν᾽, ἕτερον λευκόν, ἑτέρην δὲ μέλαιναν,
Γῆι τε καὶ Ἠελίωι· Διὶ δ᾽ ἡμεῖς οἴσομεν ἄλλον·
105
ἄξετε δὲ Πριάμοιο βίην, ὄφρ᾽ ὅρκια τάμνηι
αὐτός, ἐπεί οἱ παῖδες ὑπερφίαλοι καὶ ἄπιστοι,
μή τις ὑπερβασίηι Διὸς ὅρκια δηλήσηται.
αἰεὶ δ᾽ ὁπλοτέρων ἀνδρῶν φρένες ἠερέθονται·
οἷς δ᾽ ὁ γέρων μετέηισιν ἅμα πρόσσω καὶ ὀπίσσω
110
λεύσσει, ὅπως ὄχ᾽ ἄριστα μετ᾽ ἀμφοτέροισι γένηται.

ὣς ἔφαθ᾽, οἳ δ᾽ ἐχάρησαν Ἀχαιοί τε Τρῶές τε
ἐλπόμενοι παύσασθαι ὀϊζυροῦ πολέμοιο.
καί ῥ᾽ ἵππους μὲν ἔρυξαν ἐπὶ στίχας, ἐκ δ᾽ ἔβαν αὐτοί,
τεύχεά τ᾽ ἐξεδύοντο· τὰ μὲν κατέθεντ᾽ ἐπὶ γαίηι
115
πλησίον ἀλλήλων, ὀλίγη δ᾽ ἦν ἀμφὶς ἄρουρα·
Ἕκτωρ δὲ προτὶ ἄστυ δύω κήρυκας ἔπεμπε
καρπαλίμως ἄρνάς τε φέρειν Πρίαμόν τε καλέσσαι·
αὐτὰρ ὁ Ταλθύβιον προΐει κρείων Ἀγαμέμνων
νῆας ἔπι γλαφυρὰς ἰέναι, ἠδ᾽ ἄρν᾽ ἐκέλευεν
120
οἰσέμεναι· ὁ δ᾽ ἄρ᾽ οὐκ ἀπίθησ᾽ Ἀγαμέμνονι δίωι.

Ἶρις δ᾽ αὖθ᾽ Ἑλένηι λευκωλένωι ἄγγελος ἦλθεν
εἰδομένη γαλόωι Ἀντηνορίδαο δάμαρτι,
τὴν Ἀντηνορίδης εἶχε κρείων Ἑλικάων
Λαοδίκην Πριάμοιο θυγατρῶν εἶδος ἀρίστην.
125
τὴν δ᾽ εὗρ᾽ ἐν μεγάρωι· ἣ δὲ μέγαν ἱστὸν ὕφαινε
δίπλακα πορφυρέην, πολέας δ᾽ ἐνέπασσεν ἀέθλους
Τρώων θ᾽ ἱπποδάμων καὶ Ἀχαιῶν χαλκοχιτώνων,
οὕς ἑθεν εἵνεκ᾽ ἔπασχον ὑπ᾽ Ἄρηος παλαμάων·
ἀγχοῦ δ᾽ ἱσταμένη προσέφη πόδας ὠκέα Ἶρις·
130
δεῦρ᾽ ἴθι νύμφα φίλη, ἵνα θέσκελα ἔργα ἴδηαι
Τρώων θ᾽ ἱπποδάμων καὶ Ἀχαιῶν χαλκοχιτώνων,
οἳ πρὶν ἐπ᾽ ἀλλήλοισι φέρον πολύδακρυν Ἄρηα
ἐν πεδίωι ὀλοοῖο λιλαιόμενοι πολέμοιο·
οἳ δὴ νῦν ἕαται σιγῆι, πόλεμος δὲ πέπαυται,
135
ἀσπίσι κεκλιμένοι, παρὰ δ᾽ ἔγχεα μακρὰ πέπηγεν.
αὐτὰρ Ἀλέξανδρος καὶ ἀρηΐφιλος Μενέλαος
μακρῆις ἐγχείηισι μαχήσονται περὶ σεῖο·
τῶι δέ κε νικήσαντι φίλη κεκλήσηι ἄκοιτις.

ὣς εἰποῦσα θεὰ γλυκὺν ἵμερον ἔμβαλε θυμῶι
140
ἀνδρός τε προτέρου καὶ ἄστεος ἠδὲ τοκήων·
αὐτίκα δ᾽ ἀργεννῆισι καλυψαμένη ὀθόνηισιν
ὁρμᾶτ᾽ ἐκ θαλάμοιο τέρεν κατὰ δάκρυ χέουσα
οὐκ οἴη, ἅμα τῆι γε καὶ ἀμφίπολοι δύ᾽ ἕποντο,
Αἴθρη Πιτθῆος θυγάτηρ, Κλυμένη τε βοῶπις·
145
αἶψα δ᾽ ἔπειθ᾽ ἵκανον ὅθι Σκαιαὶ πύλαι ἦσαν.

οἳ δ᾽ ἀμφὶ Πρίαμον καὶ Πάνθοον ἠδὲ Θυμοίτην
Λάμπόν τε Κλυτίον θ᾽ Ἱκετάονά τ᾽ ὄζον Ἄρηος
Οὐκαλέγων τε καὶ Ἀντήνωρ πεπνυμένω ἄμφω
ἥατο δημογέροντες ἐπὶ Σκαιῆισι πύληισι,
150
γήραϊ δὴ πολέμοιο πεπαυμένοι, ἀλλ᾽ ἀγορηταὶ
ἐσθλοί, τεττίγεσσιν ἐοικότες οἵ τε καθ᾽ ὕλην
δενδρέωι ἐφεζόμενοι ὄπα λειριόεσσαν ἱεῖσι·
τοῖοι ἄρα Τρώων ἡγήτορες ἧντ᾽ ἐπὶ πύργωι.
οἳ δ᾽ ὡς οὖν εἴδονθ᾽ Ἑλένην ἐπὶ πύργον ἰοῦσαν,
155
ἦκα πρὸς ἀλλήλους ἔπεα πτερόεντ᾽ ἀγόρευον·
οὐ νέμεσις Τρῶας καὶ ἐϋκνήμιδας Ἀχαιοὺς
τοιῆιδ᾽ ἀμφὶ γυναικὶ πολὺν χρόνον ἄλγεα πάσχειν·
αἰνῶς ἀθανάτηισι θεῆις εἰς ὦπα ἔοικεν·
ἀλλὰ καὶ ὧς τοίη περ ἐοῦσ᾽ ἐν νηυσὶ νεέσθω,
160
μηδ᾽ ἡμῖν τεκέεσσί τ᾽ ὀπίσσω πῆμα λίποιτο.

ὣς ἄρ᾽ ἔφαν, Πρίαμος δ᾽ Ἑλένην ἐκαλέσσατο φωνῆι·
δεῦρο πάροιθ᾽ ἐλθοῦσα φίλον τέκος ἵζευ ἐμεῖο,
ὄφρα ἴδηι πρότερόν τε πόσιν πηούς τε φίλους τε·
οὔ τί μοι αἰτίη ἐσσί, θεοί νύ μοι αἴτιοί εἰσιν
165
οἵ μοι ἐφώρμησαν πόλεμον πολύδακρυν Ἀχαιῶν·
ὥς μοι καὶ τόνδ᾽ ἄνδρα πελώριον ἐξονομήνηις
ὅς τις ὅδ᾽ ἐστὶν Ἀχαιὸς ἀνὴρ ἠΰς τε μέγας τε.
ἤτοι μὲν κεφαλῆι καὶ μείζονες ἄλλοι ἔασι,
καλὸν δ᾽ οὕτω ἐγὼν οὔ πω ἴδον ὀφθαλμοῖσιν,
170
οὐδ᾽ οὕτω γεραρόν· βασιλῆϊ γὰρ ἀνδρὶ ἔοικε.

τὸν δ᾽ Ἑλένη μύθοισιν ἀμείβετο δῖα γυναικῶν·
αἰδοῖός τέ μοί ἐσσι φίλε ἑκυρὲ δεινός τε·
ὡς ὄφελεν θάνατός μοι ἁδεῖν κακὸς ὁππότε δεῦρο
υἱέϊ σῶι ἑπόμην θάλαμον γνωτούς τε λιποῦσα
175
παῖδά τε τηλυγέτην καὶ ὁμηλικίην ἐρατεινήν.
ἀλλὰ τά γ᾽ οὐκ ἐγένοντο· τὸ καὶ κλαίουσα τέτηκα.
τοῦτο δέ τοι ἐρέω ὅ μ᾽ ἀνείρεαι ἠδὲ μεταλλᾶις·
οὗτός γ᾽ Ἀτρεΐδης εὐρὺ κρείων Ἀγαμέμνων,
ἀμφότερον βασιλεύς τ᾽ ἀγαθὸς κρατερός τ᾽ αἰχμητής·
180
δαὴρ αὖτ᾽ ἐμὸς ἔσκε κυνώπιδος, εἴ ποτ᾽ ἔην γε.

ὣς φάτο, τὸν δ᾽ ὁ γέρων ἠγάσσατο φώνησέν τε·
ὦ μάκαρ Ἀτρεΐδη μοιρηγενὲς ὀλβιόδαιμον,
ἦ ῥά νύ τοι πολλοὶ δεδμήατο κοῦροι Ἀχαιῶν.
ἤδη καὶ Φρυγίην εἰσήλυθον ἀμπελόεσσαν,
185
ἔνθα ἴδον πλείστους Φρύγας ἀνέρας αἰολοπώλους
λαοὺς Ὀτρῆος καὶ Μυγδόνος ἀντιθέοιο,
οἵ ῥα τότ᾽ ἐστρατόωντο παρ᾽ ὄχθας Σαγγαρίοιο·
καὶ γὰρ ἐγὼν ἐπίκουρος ἐὼν μετὰ τοῖσιν ἐλέχθην
ἤματι τῶι ὅτε τ᾽ ἦλθον Ἀμαζόνες ἀντιάνειραι·
190
ἀλλ᾽ οὐδ᾽ οἳ τόσοι ἦσαν ὅσοι ἑλίκωπες Ἀχαιοί.

δεύτερον αὖτ᾽ Ὀδυσῆα ἰδὼν ἐρέειν᾽ ὁ γεραιός·
εἴπ᾽ ἄγε μοι καὶ τόνδε φίλον τέκος ὅς τις ὅδ᾽ ἐστί·
μείων μὲν κεφαλῆι Ἀγαμέμνονος Ἀτρεΐδαο,
εὐρύτερος δ᾽ ὤμοισιν ἰδὲ στέρνοισιν ἰδέσθαι.
195
τεύχεα μέν οἱ κεῖται ἐπὶ χθονὶ πουλυβοτείρηι,
αὐτὸς δὲ κτίλος ὣς ἐπιπωλεῖται στίχας ἀνδρῶν·
ἀρνειῶι μιν ἔγωγε ἐΐσκω πηγεσιμάλλωι,
ὅς τ᾽ οἰῶν μέγα πῶϋ διέρχεται ἀργεννάων.

τὸν δ᾽ ἠμείβετ᾽ ἔπειθ᾽ Ἑλένη Διὸς ἐκγεγαυῖα·
200
οὗτος δ᾽ αὖ Λαερτιάδης πολύμητις Ὀδυσσεύς,
ὃς τράφη ἐν δήμωι Ἰθάκης κραναῆς περ ἐούσης
εἰδὼς παντοίους τε δόλους καὶ μήδεα πυκνά.

τὴν δ᾽ αὖτ᾽ Ἀντήνωρ πεπνυμένος ἀντίον ηὔδα·
ὦ γύναι ἦ μάλα τοῦτο ἔπος νημερτὲς ἔειπες·
205
ἤδη γὰρ καὶ δεῦρό ποτ᾽ ἤλυθε δῖος Ὀδυσσεὺς
σεῦ ἕνεκ᾽ ἀγγελίης σὺν ἀρηϊφίλωι Μενελάωι·
τοὺς δ᾽ ἐγὼ ἐξείνισσα καὶ ἐν μεγάροισι φίλησα,
ἀμφοτέρων δὲ φυὴν ἐδάην καὶ μήδεα πυκνά.
ἀλλ᾽ ὅτε δὴ Τρώεσσιν ἐν ἀγρομένοισιν ἔμιχθεν
210
στάντων μὲν Μενέλαος ὑπείρεχεν εὐρέας ὤμους,
ἄμφω δ᾽ ἑζομένω γεραρώτερος ἦεν Ὀδυσσεύς·
ἀλλ᾽ ὅτε δὴ μύθους καὶ μήδεα πᾶσιν ὕφαινον
ἤτοι μὲν Μενέλαος ἐπιτροχάδην ἀγόρευε,
παῦρα μὲν ἀλλὰ μάλα λιγέως, ἐπεὶ οὐ πολύμυθος
215
οὐδ᾽ ἀφαμαρτοεπής· ἦ καὶ γένει ὕστερος ἦεν.
ἀλλ᾽ ὅτε δὴ πολύμητις ἀναΐξειεν Ὀδυσσεὺς
στάσκεν, ὑπαὶ δὲ ἴδεσκε κατὰ χθονὸς ὄμματα πήξας,
σκῆπτρον δ᾽ οὔτ᾽ ὀπίσω οὔτε προπρηνὲς ἐνώμα,
ἀλλ᾽ ἀστεμφὲς ἔχεσκεν ἀΐδρεϊ φωτὶ ἐοικώς·
220
φαίης κε ζάκοτόν τέ τιν᾽ ἔμμεναι ἄφρονά τ᾽ αὔτως.
ἀλλ᾽ ὅτε δὴ ὄπα τε μεγάλην ἐκ στήθεος εἵη
καὶ ἔπεα νιφάδεσσιν ἐοικότα χειμερίηισιν,
οὐκ ἂν ἔπειτ᾽ Ὀδυσῆΐ γ᾽ ἐρίσσειε βροτὸς ἄλλος·
οὐ τότε γ᾽ ὧδ᾽ Ὀδυσῆος ἀγασσάμεθ᾽ εἶδος ἰδόντες.

 

225
τὸ τρίτον αὖτ᾽ Αἴαντα ἰδὼν ἐρέειν᾽ ὁ γεραιός·
τίς τὰρ ὅδ᾽ ἄλλος Ἀχαιὸς ἀνὴρ ἠΰς τε μέγας τε
ἔξοχος Ἀργείων κεφαλήν τε καὶ εὐρέας ὤμους;

τὸν δ᾽ Ἑλένη τανύπεπλος ἀμείβετο δῖα γυναικῶν·
οὗτος δ᾽ Αἴας ἐστὶ πελώριος ἕρκος Ἀχαιῶν·
230
Ἰδομενεὺς δ᾽ ἑτέρωθεν ἐνὶ Κρήτεσσι θεὸς ὣς
ἕστηκ᾽, ἀμφὶ δέ μιν Κρητῶν ἀγοὶ ἠγερέθονται.
πολλάκι μιν ξείνισσεν ἀρηΐφιλος Μενέλαος
οἴκωι ἐν ἡμετέρωι ὁπότε Κρήτηθεν ἵκοιτο.
νῦν δ᾽ ἄλλους μὲν πάντας ὁρῶ ἑλίκωπας Ἀχαιούς,
235
οὕς κεν ἐῢ γνοίην καί τ᾽ οὔνομα μυθησαίμην·
δοιὼ δ᾽ οὐ δύναμαι ἰδέειν κοσμήτορε λαῶν
Κάστορά θ᾽ ἱππόδαμον καὶ πὺξ ἀγαθὸν Πολυδεύκεα
αὐτοκασιγνήτω, τώ μοι μία γείνατο μήτηρ.
ἢ οὐχ ἑσπέσθην Λακεδαίμονος ἐξ ἐρατεινῆς,
240
ἢ δεύρω μὲν ἕποντο νέεσσ᾽ ἔνι ποντοπόροισι,
νῦν αὖτ᾽ οὐκ ἐθέλουσι μάχην καταδύμεναι ἀνδρῶν
αἴσχεα δειδιότες καὶ ὀνείδεα πόλλ᾽ ἅ μοί ἐστιν.

ὣς φάτο, τοὺς δ᾽ ἤδη κάτεχεν φυσίζοος αἶα
ἐν Λακεδαίμονι αὖθι φίληι ἐν πατρίδι γαίηι.

 

245
κήρυκες δ᾽ ἀνὰ ἄστυ θεῶν φέρον ὅρκια πιστὰ
ἄρνε δύω καὶ οἶνον ἐΰφρονα καρπὸν ἀρούρης
ἀσκῶι ἐν αἰγείωι· φέρε δὲ κρητῆρα φαεινὸν
κῆρυξ Ἰδαῖος ἠδὲ χρύσεια κύπελλα·
ὄτρυνεν δὲ γέροντα παριστάμενος ἐπέεσσιν·
250
ὄρσεο Λαομεδοντιάδη, καλέουσιν ἄριστοι
Τρώων θ᾽ ἱπποδάμων καὶ Ἀχαιῶν χαλκοχιτώνων
ἐς πεδίον καταβῆναι ἵν᾽ ὅρκια πιστὰ τάμητε·
αὐτὰρ Ἀλέξανδρος καὶ ἀρηΐφιλος Μενέλαος
μακρῆις ἐγχείηισι μαχήσοντ᾽ ἀμφὶ γυναικί·
255
τῶι δέ κε νικήσαντι γυνὴ καὶ κτήμαθ᾽ ἕποιτο·
οἳ δ᾽ ἄλλοι φιλότητα καὶ ὅρκια πιστὰ ταμόντες
ναίοιμεν Τροίην ἐριβώλακα, τοὶ δὲ νέονται
Ἄργος ἐς ἱππόβοτον καὶ Ἀχαιΐδα καλλιγύναικα.
260
ἵππους ζευγνύμεναι· τοὶ δ᾽ ὀτραλέως ἐπίθοντο.
ἂν δ᾽ ἄρ᾽ ἔβη Πρίαμος, κατὰ δ᾽ ἡνία τεῖνεν ὀπίσσω·
πὰρ δέ οἱ Ἀντήνωρ περικαλλέα βήσετο δίφρον·
τὼ δὲ διὰ Σκαιῶν πεδίον δ᾽ ἔχον ὠκέας ἵππους.

ἀλλ᾽ ὅτε δή ῥ᾽ ἵκοντο μετὰ Τρῶας καὶ Ἀχαιούς,
265
ἐξ ἵππων ἀποβάντες ἐπὶ χθόνα πουλυβότειραν
ἐς μέσσον Τρώων καὶ Ἀχαιῶν ἐστιχόωντο.
ὄρνυτο δ᾽ αὐτίκ᾽ ἔπειτα ἄναξ ἀνδρῶν Ἀγαμέμνων,
ἂν δ᾽ Ὀδυσεὺς πολύμητις· ἀτὰρ κήρυκες ἀγαυοὶ
ὅρκια πιστὰ θεῶν σύναγον, κρητῆρι δὲ οἶνον
270
μίσγον, ἀτὰρ βασιλεῦσιν ὕδωρ ἐπὶ χεῖρας ἔχευαν.
Ἀτρεΐδης δὲ ἐρυσσάμενος χείρεσσι μάχαιραν,
ἥ οἱ πὰρ ξίφεος μέγα κουλεόν αἰὲν ἄωρτο,
ἀρνῶν ἐκ κεφαλέων τάμνε τρίχας· αὐτὰρ ἔπειτα
κήρυκες Τρώων καὶ Ἀχαιῶν νεῖμαν ἀρίστοις.
275
τοῖσιν δ᾽ Ἀτρεΐδης μεγάλ᾽ εὔχετο χεῖρας ἀνασχών·
Ζεῦ πάτερ Ἴδηθεν μεδέων κύδιστε μέγιστε,
Ἠέλιός θ᾽, ὃς πάντ᾽ ἐφορᾶις καὶ πάντ᾽ ἐπακούεις,
καὶ ποταμοὶ καὶ γαῖα, καὶ οἳ ὑπένερθε καμόντας
ἀνθρώπους τίνυσθον ὅτις κ᾽ ἐπίορκον ὀμόσσηι,
280
ὑμεῖς μάρτυροι ἔστε, φυλάσσετε δ᾽ ὅρκια πιστά·
εἰ μέν κεν Μενέλαον Ἀλέξανδρος καταπέφνηι
αὐτὸς ἔπειθ᾽ Ἑλένην ἐχέτω καὶ κτήματα πάντα,
ἡμεῖς δ᾽ ἐν νήεσσι νεώμεθα ποντοπόροισιν·
εἰ δέ κ᾽ Ἀλέξανδρον κτείνηι ξανθὸς Μενέλαος,
285
Τρῶας ἔπειθ᾽ Ἑλένην καὶ κτήματα πάντ᾽ ἀποδοῦναι,
τιμὴν δ᾽ Ἀργείοις ἀποτινέμεν ἥν τιν᾽ ἔοικεν,
ἥ τε καὶ ἐσσομένοισι μετ᾽ ἀνθρώποισι πέληται.
εἰ δ᾽ ἂν ἐμοὶ τιμὴν Πρίαμος Πριάμοιό τε παῖδες
τίνειν οὐκ ἐθέλωσιν Ἀλεξάνδροιο πεσόντος,
290
αὐτὰρ ἐγὼ καὶ ἔπειτα μαχήσομαι εἵνεκα ποινῆς
αὖθι μένων, ἧός κε τέλος πολέμοιο κιχείω.

ἦ, καὶ ἀπὸ στομάχους ἀρνῶν τάμε νηλέϊ χαλκῶι·
καὶ τοὺς μὲν κατέθηκεν ἐπὶ χθονὸς ἀσπαίροντας
θυμοῦ δευομένους· ἀπὸ γὰρ μένος εἵλετο χαλκός.
295
οἶνον δ᾽ ἐκ κρητῆρος ἀφυσσόμενοι δεπάεσσιν
ἔκχεον, ἠδ᾽ εὔχοντο θεοῖς αἰειγενέτηισιν.
ὧδε δέ τις εἴπεσκεν Ἀχαιῶν τε Τρώων τε·
Ζεῦ κύδιστε μέγιστε καὶ ἀθάνατοι θεοὶ ἄλλοι
ὁππότεροι πρότεροι ὑπὲρ ὅρκια πημήνειαν
300
ὧδέ σφ᾽ ἐγκέφαλος χαμάδις ῥέοι ὡς ὅδε οἶνος
αὐτῶν καὶ τεκέων, ἄλοχοι δ᾽ ἄλλοισι δαμεῖεν.

ὣς ἔφαν, οὐδ᾽ ἄρα πώ σφιν ἐπεκραίαινε Κρονίων.
τοῖσι δὲ Δαρδανίδης Πρίαμος μετὰ μῦθον ἔειπε·
κέκλυτέ μευ Τρῶες καὶ ἐϋκνήμιδες Ἀχαιοί·
305
ἤτοι ἐγὼν εἶμι προτὶ Ἴλιον ἠνεμόεσσαν
ἄψ, ἐπεὶ οὔ πω τλήσομ᾽ ἐν ὀφθαλμοῖσιν ὁρᾶσθαι
μαρνάμενον φίλον υἱὸν ἀρηϊφίλωι Μενελάωι·
Ζεὺς μέν που τό γε οἶδε καὶ ἀθάνατοι θεοὶ ἄλλοι
ὁπποτέρωι θανάτοιο τέλος πεπρωμένον ἐστίν.

 

310
ἦ ῥα καὶ ἐς δίφρον ἄρνας θέτο ἰσόθεος φώς,
ἂν δ᾽ ἄρ᾽ ἔβαιν᾽ αὐτός, κατὰ δ᾽ ἡνία τεῖνεν ὀπίσσω·
πὰρ δέ οἱ Ἀντήνωρ περικαλλέα βήσετο δίφρον.
τὼ μὲν ἄρ᾽ ἄψορροι προτὶ Ἴλιον ἀπονέοντο·

Ἕκτωρ δὲ Πριάμοιο πάϊς καὶ δῖος Ὀδυσσεὺς
315
χῶρον μὲν πρῶτον διεμέτρεον, αὐτὰρ ἔπειτα
κλήρους ἐν κυνέηι χαλκήρεϊ πάλλον ἑλόντες,
ὁππότερος δὴ πρόσθεν ἀφείη χάλκεον ἔγχος.
λαοὶ δ᾽ ἠρήσαντο, θεοῖσι δὲ χεῖρας ἀνέσχον,
ὧδε δέ τις εἴπεσκεν Ἀχαιῶν τε Τρώων τε·
320
Ζεῦ πάτερ Ἴδηθεν μεδέων κύδιστε μέγιστε
ὁππότερος τάδε ἔργα μετ᾽ ἀμφοτέροισιν ἔθηκε,
τὸν δὸς ἀποφθίμενον δῦναι δόμον Ἄϊδος εἴσω,
ἡμῖν δ᾽ αὖ φιλότητα καὶ ὅρκια πιστὰ γενέσθαι.

ὣς ἄρ᾽ ἔφαν, πάλλεν δὲ μέγας κορυθαίολος Ἕκτωρ
325
ἂψ ὁρόων· Πάριος δὲ θοῶς ἐκ κλῆρος ὄρουσεν.
οἳ μὲν ἔπειθ᾽ ἵζοντο κατὰ στίχας, ἧχι ἑκάστωι
ἵπποι ἀερσίποδες καὶ ποικίλα τεύχε᾽ ἔκειτο·
αὐτὰρ ὅ γ᾽ ἀμφ᾽ ὤμοισιν ἐδύσετο τεύχεα καλὰ
δῖος Ἀλέξανδρος Ἑλένης πόσις ἠϋκόμοιο.
330
κνημῖδας μὲν πρῶτα περὶ κνήμηισιν ἔθηκε
καλάς, ἀργυρέοισιν ἐπισφυρίοις ἀραρυίας·
δεύτερον αὖ θώρηκα περὶ στήθεσσιν ἔδυνεν
οἷο κασιγνήτοιο Λυκάονος· ἥρμοσε δ᾽ αὐτῶι.
ἀμφὶ δ᾽ ἄρ᾽ ὤμοισιν βάλετο ξίφος ἀργυρόηλον
335
χάλκεον, αὐτὰρ ἔπειτα σάκος μέγα τε στιβαρόν τε·
κρατὶ δ᾽ ἐπ᾽ ἰφθίμωι κυνέην εὔτυκτον ἔθηκεν
ἵππουριν· δεινὸν δὲ λόφος καθύπερθεν ἔνευεν·
εἵλετο δ᾽ ἄλκιμον ἔγχος, ὅ οἱ παλάμηφιν ἀρήρει.
ὣς δ᾽ αὔτως Μενέλαος ἀρήϊος ἔντε᾽ ἔδυνεν.

 

340
οἳ δ᾽ ἐπεὶ οὖν ἑκάτερθεν ὁμίλου θωρήχθησαν,
ἐς μέσσον Τρώων καὶ Ἀχαιῶν ἐστιχόωντο
δεινὸν δερκόμενοι· θάμβος δ᾽ ἔχεν εἰσορόωντας
Τρῶάς θ᾽ ἱπποδάμους καὶ ἐϋκνήμιδας Ἀχαιούς.
καί ῥ᾽ ἐγγὺς στήτην διαμετρητῶι ἐνὶ χώρωι
345
σείοντ᾽ ἐγχείας ἀλλήλοισιν κοτέοντε.
πρόσθε δ᾽ Ἀλέξανδρος προΐει δολιχόσκιον ἔγχος,
καὶ βάλεν Ἀτρεΐδαο κατ᾽ ἀσπίδα πάντοσε ἴσην,
οὐδ᾽ ἔρρηξεν χαλκός, ἀνεγνάμφθη δέ οἱ αἰχμὴ
ἀσπίδ᾽ ἐνὶ κρατερῆι· ὁ δὲ δεύτερον ὄρνυτο χαλκῶι
350
Ἀτρεΐδης Μενέλαος ἐπευξάμενος Διὶ πατρί·
Ζεῦ ἄνα δὸς τίσασθαι ὅ με πρότερος κάκ᾽ ἔοργε
δῖον Ἀλέξανδρον, καὶ ἐμῆις ὑπὸ χερσὶ δάμασσον,
ὄφρα τις ἐρρίγηισι καὶ ὀψιγόνων ἀνθρώπων
ξεινοδόκον κακὰ ῥέξαι, ὅ κεν φιλότητα παράσχηι.

 

355
ἦ ῥα καὶ ἀμπεπαλὼν προΐει δολιχόσκιον ἔγχος,
καὶ βάλε Πριαμίδαο κατ᾽ ἀσπίδα πάντοσε ἴσην·
διὰ μὲν ἀσπίδος ἦλθε φαεινῆς ὄβριμον ἔγχος,
καὶ διὰ θώρηκος πολυδαιδάλου ἠρήρειστο·
ἀντικρὺ δὲ παραὶ λαπάρην διάμησε χιτῶνα
360
ἔγχος· ὁ δ᾽ ἐκλίνθη καὶ ἀλεύατο κῆρα μέλαιναν.
Ἀτρεΐδης δὲ ἐρυσσάμενος ξίφος ἀργυρόηλον
πλῆξεν ἀνασχόμενος κόρυθος φάλον· ἀμφὶ δ᾽ ἄρ᾽ αὐτῶι
τριχθά τε καὶ τετραχθὰ διατρυφὲν ἔκπεσε χειρός.
Ἀτρεΐδης δ᾽ ὤιμωξεν ἰδὼν εἰς οὐρανὸν εὐρύν·
365
Ζεῦ πάτερ οὔ τις σεῖο θεῶν ὀλοώτερος ἄλλος·
ἦ τ᾽ ἐφάμην τίσασθαι Ἀλέξανδρον κακότητος·
νῦν δέ μοι ἐν χείρεσσιν ἄγη ξίφος, ἐκ δέ μοι ἔγχος
ἠΐχθη παλάμηφιν ἐτώσιον, οὐδ᾽ ἔβαλόν μιν.

ἦ καὶ ἐπαΐξας κόρυθος λάβεν ἱπποδασείης,
370
ἕλκε δ᾽ ἐπιστρέψας μετ᾽ ἐϋκνήμιδας Ἀχαιούς·
ἄγχε δέ μιν πολύκεστος ἱμὰς ἁπαλὴν ὑπὸ δειρήν,
ὅς οἱ ὑπ᾽ ἀνθερεῶνος ὀχεὺς τέτατο τρυφαλείης.
καί νύ κεν εἴρυσσέν τε καὶ ἄσπετον ἤρατο κῦδος,
εἰ μὴ ἄρ᾽ ὀξὺ νόησε Διὸς θυγάτηρ Ἀφροδίτη,
375
ἥ οἱ ῥῆξεν ἱμάντα βοὸς ἶφι κταμένοιο·
κεινὴ δὲ τρυφάλεια ἅμ᾽ ἕσπετο χειρὶ παχείηι.
τὴν μὲν ἔπειθ᾽ ἥρως μετ᾽ ἐϋκνήμιδας Ἀχαιοὺς
ῥῖψ᾽ ἐπιδινήσας, κόμισαν δ᾽ ἐρίηρες ἑταῖροι·
αὐτὰρ ὁ ἂψ ἐπόρουσε κατακτάμεναι μενεαίνων
380
ἔγχεϊ χαλκείωι· τὸν δ᾽ ἐξήρπαξ᾽ Ἀφροδίτη
ῥεῖα μάλ᾽ ὥς τε θεός, ἐκάλυψε δ᾽ ἄρ᾽ ἠέρι πολλῆι,
κὰδ δ᾽ εἷσ᾽ ἐν θαλάμωι εὐώδεϊ κηώεντι.
αὐτὴ δ᾽ αὖ Ἑλένην καλέουσ᾽ ἴε· τὴν δὲ κίχανε
πύργωι ἐφ᾽ ὑψηλῶι, περὶ δὲ Τρωιαὶ ἅλις ἦσαν·
385
χειρὶ δὲ νεκταρέου ἑανοῦ ἐτίναξε λαβοῦσα,
γρηῒ δέ μιν ἐϊκυῖα παλαιγενέϊ προσέειπεν
εἰροκόμωι, ἥ οἱ Λακεδαίμονι ναιετοώσηι
ἤσκειν εἴρια καλά, μάλιστα δέ μιν φιλέεσκε·
τῆι μιν ἐεισαμένη προσεφώνεε δῖ᾽ Ἀφροδίτη·
390
δεῦρ᾽ ἴθ᾽· Ἀλέξανδρός σε καλεῖ οἶκον δὲ νέεσθαι.
κεῖνος ὅ γ᾽ ἐν θαλάμωι καὶ δινωτοῖσι λέχεσσι
κάλλεΐ τε στίλβων καὶ εἵμασιν· οὐδέ κε φαίης
ἀνδρὶ μαχεσσάμενον τόν γ᾽ ἐλθεῖν, ἀλλὰ χορὸν δὲ
ἔρχεσθ᾽, ἠὲ χοροῖο νέον λήγοντα καθίζειν.

 

395
ὣς φάτο, τῆι δ᾽ ἄρα θυμὸν ἐνὶ στήθεσσιν ὄρινε·
καί ῥ᾽ ὡς οὖν ἐνόησε θεᾶς περικαλλέα δειρὴν
στήθεά θ᾽ ἱμερόεντα καὶ ὄμματα μαρμαίροντα,
θάμβησέν τ᾽ ἄρ᾽ ἔπειτα ἔπος τ᾽ ἔφατ᾽ ἔκ τ᾽ ὀνόμαζε·
δαιμονίη, τί με ταῦτα λιλαίεαι ἠπεροπεύειν;
400
ἦ πήι με προτέρω πολίων εὖ ναιομενάων
ἄξεις, ἢ Φρυγίης ἢ Μηιονίης ἐρατεινῆς,
εἴ τίς τοι καὶ κεῖθι φίλος μερόπων ἀνθρώπων·
οὕνεκα δὴ νῦν δῖον Ἀλέξανδρον Μενέλαος
νικήσας ἐθέλει στυγερὴν ἐμὲ οἴκαδ᾽ ἄγεσθαι,
405
τοὔνεκα δὴ νῦν δεῦρο δολοφρονέουσα παρέστης;
ἧσο παρ᾽ αὐτὸν ἰοῦσα, θεῶν δ᾽ ἀπόεικε κελεύθου,
μηδ᾽ ἔτι σοῖσι πόδεσσιν ὑποστρέψειας Ὄλυμπον,
ἀλλ᾽ αἰεὶ περὶ κεῖνον ὀΐζυε καί ἑ φύλασσε,
εἰς ὅ κέ σ᾽ ἢ ἄλοχον ποιήσεται ἢ ὅ γε δούλην.
410
κεῖσε δ᾽ ἐγὼν οὐκ εἶμι· νεμεσσητὸν δέ κεν εἴη·
κείνου πορσανέουσα λέχος· Τρωιαὶ δέ μ᾽ ὀπίσσω
πᾶσαι μωμήσονται· ἔχω δ᾽ ἄχε᾽ ἄκριτα θυμῶι.

τὴν δὲ χολωσαμένη προσεφώνεε δῖ᾽ Ἀφροδίτη·
μή μ᾽ ἔρεθε σχετλίη, μὴ χωσαμένη σε μεθείω,
415
τὼς δέ σ᾽ ἀπεχθήρω ὡς νῦν ἔκπαγλ᾽ ἐφίλησα,
μέσσωι δ᾽ ἀμφοτέρων μητίσομαι ἔχθεα λυγρὰ
Τρώων καὶ Δαναῶν, σὺ δέ κεν κακὸν οἶτον ὄληαι.

ὣς ἔφατ᾽, ἔδεισεν δ᾽ Ἑλένη Διὸς ἐκγεγαυῖα,
βῆ δὲ κατασχομένη ἑανῶι ἀργῆτι φαεινῶι
420
σιγῆι, πάσας δὲ Τρωιὰς λάθεν· ἦρχε δὲ δαίμων.

αἳ δ᾽ ὅτ᾽ Ἀλεξάνδροιο δόμον περικαλλέ᾽ ἵκοντο,
ἀμφίπολοι μὲν ἔπειτα θοῶς ἐπὶ ἔργα τράποντο,
ἣ δ᾽ εἰς ὑψόροφον θάλαμον κίε δῖα γυναικῶν.
τῆι δ᾽ ἄρα δίφρον ἑλοῦσα φιλομειδὴς Ἀφροδίτη
425
ἀντί᾽ Ἀλεξάνδροιο θεὰ κατέθηκε φέρουσα·
ἔνθα κάθιζ᾽ Ἑλένη κούρη Διὸς αἰγιόχοιο
ὄσσε πάλιν κλίνασα, πόσιν δ᾽ ἠνίπαπε μύθωι·
ἤλυθες ἐκ πολέμου· ὡς ὤφελες αὐτόθ᾽ ὀλέσθαι
ἀνδρὶ δαμεὶς κρατερῶι, ὃς ἐμὸς πρότερος πόσις ἦεν.
430
ἦ μὲν δὴ πρίν γ᾽ εὔχε᾽ ἀρηϊφίλου Μενελάου
σῆι τε βίηι καὶ χερσὶ καὶ ἔγχεϊ φέρτερος εἶναι·
ἀλλ᾽ ἴθι νῦν προκάλεσσαι ἀρηΐφιλον Μενέλαον
ἐξαῦτις μαχέσασθαι ἐναντίον· ἀλλά σ᾽ ἔγωγε
παύεσθαι κέλομαι, μηδὲ ξανθῶι Μενελάωι
435
ἀντίβιον πόλεμον πολεμίζειν ἠδὲ μάχεσθαι
ἀφραδέως, μή πως τάχ᾽ ὑπ᾽ αὐτοῦ δουρὶ δαμήηις.

τὴν δὲ Πάρις μύθοισιν ἀμειβόμενος προσέειπε·
μή με γύναι χαλεποῖσιν ὀνείδεσι θυμὸν ἔνιπτε·
νῦν μὲν γὰρ Μενέλαος ἐνίκησεν σὺν Ἀθήνηι,
440 κεῖνον δ᾽ αὖτις ἐγώ· πάρα γὰρ θεοί εἰσι καὶ ἡμῖν.
ἀλλ᾽ ἄγε δὴ φιλότητι τραπείομεν εὐνηθέντε·
οὐ γάρ πώ ποτέ μ᾽ ὧδέ γ᾽ ἔρως φρένας ἀμφεκάλυψεν,
οὐδ᾽ ὅτε σε πρῶτον Λακεδαίμονος ἐξ ἐρατεινῆς
ἔπλεον ἁρπάξας ἐν ποντοπόροισι νέεσσι,
445 νήσωι δ᾽ ἐν Κραναῆι ἐμίγην φιλότητι καὶ εὐνῆι,
ὥς σεο νῦν ἔραμαι καί με γλυκὺς ἵμερος αἱρεῖ.
ἦ ῥα, καὶ ἄρχε λέχος δὲ κιών· ἅμα δ᾽ εἵπετ᾽ ἄκοιτις.

τὼ μὲν ἄρ᾽ ἐν τρητοῖσι κατεύνασθεν λεχέεσσιν,
Ἀτρεΐδης δ᾽ ἀν᾽ ὅμιλον ἐφοίτα θηρὶ ἐοικὼς
450 εἴ που ἐσαθρήσειεν Ἀλέξανδρον θεοειδέα.
ἀλλ᾽ οὔ τις δύνατο Τρώων κλειτῶν τ᾽ ἐπικούρων
δεῖξαι Ἀλέξανδρον τότ᾽ ἀρηϊφίλωι Μενελάωι·
οὐ μὲν γὰρ φιλότητί γ᾽ ἐκεύθανον εἴ τις ἴδοιτο·
ἶσον γάρ σφιν πᾶσιν ἀπήχθετο κηρὶ μελαίνηι.
455 τοῖσι δὲ καὶ μετέειπεν ἄναξ ἀνδρῶν Ἀγαμέμνων·
κέκλυτέ μευ Τρῶες καὶ Δάρδανοι ἠδ᾽ ἐπίκουροι·
νίκη μὲν δὴ φαίνετ᾽ ἀρηϊφίλου Μενελάου,
ὑμεῖς δ᾽ Ἀργείην Ἑλένην καὶ κτήμαθ᾽ ἅμ᾽ αὐτῆι

ἔκδοτε, καὶ τιμὴν ἀποτινέμεν ἥν τιν᾽ ἔοικεν,
460 ἥ τε καὶ ἐσσομένοισι μετ᾽ ἀνθρώποισι πέληται.
ὣς ἔφατ᾽ Ἀτρεΐδης, ἐπὶ δ᾽ ἤινεον ἄλλοι Ἀχαιοί.