Cette traduction n'été tirée qu'à trois cents exemplaires, qui en fait sa rareté, rareté voulue par le traducteur, comme il le dit lui même dans sa préface  : 

  "Enfin, le format spécial que j'ai choisi comporte un certain luxe, et j'ai limité le tirage de cette édition à un nombre restreint d'exemplaires numérotés. J'ai voulu ainsi m'adresser tout à la fois au lettré et au bibliophile."

 
Remarques de Jules David.
       "....  Ce qui caractérise Homère, c'est la force, la clarté, la simplicité. Les mêmes qualités étaient nécessaires à son traducteur, et nous les trouvons dans M. Barbier. Aussi, lisez avec suite les douze chants qu'il a déjà publiés, laissez-vous entraîner par l'énergie du vers, laissez-vous conduire jusqu'au bout par ce flambeau dont la lumière ne vacille jamais, ne vous étonnez parfois ni de la rudesse de l'épithète, ni de la naïveté de l'expression, et vous percevrez le sentiment général et vrai de la poésie, homérique. Cette mâle harmonie, cette grâce sévère, ce langage noble sans apprêts, celte élégance suprême sans afféterie, cette puissance d'une parole ferme et nette qui se prèle à toutes les variétés de la pensée, ce charme qui dans Homère naît du simple, M. Barbier en a rendu l'ensemble, succès bien précieux déjà. Grâce à sa rime sonore, à ses coupes de vers hardies quoique modérées, à la propriété de ses termes, à la fidélité de sa traduction, à tout ce détail  laborieux qui a vaincu le travail à force de l'assouplir, grâce surtout à l'acier de soit style, à son ciseau de sculpteur poétique qui creuse si profondément, à toutes ces qualités indispensables en face du géant épique dont il voulait mesurer la taille, M. Barbier a pu réussir les parties comme il a réussi le tout. Est-ce à dire qu'il n'ait jamais bronché dans cette lutte continue ? ....."

L'Investigateur, journal de la Société des Etudes Historiques, année 1880 novembre-décembre, p. 311. L'Iliade, traduction en vers par J.-C. Barbier.

voir discours complet dans la partie bibliographie/biographie.

 
Notice de E. Paillet.
 

page 79 :  M. Barbier n'est pas seulement un savant jurisconsulte, occupant à juste titre l'une des plus grandes Magistratures de France. Ses explorations fructueuses dans le domaine des Michelet, des Henri Martin, l'ont placé depuis longtemps à la tête de la Société des études historiques, et il est en outre un lettré, vivant dans l'intimité des muses grecque et latine qui n'ont pour lui ni secret, ni refus....

page 80 :   Un mot d'abord sur le livre en lui-même. Il forme deux volumes petit in-8° carré, de huit cents pages environ ; il a  été imprimé avec grand soin, à Amiens, par Delattre-Lenoël sur très beau et fort papier et tire seulement à trois cents exemplaires numérotés. C'est donc, en même temps, un livre de savant et de bibliophile. On dirait, à première vue, que la fabrication est étrangère et que les presses de Londres, abaissées sur du papier anglais, ont imprimé les vers bien français de M. Barbier ; mais cela n'est pas. L'auteur n'aurait jamais pu se décider à confier son manuscrit aux vieux ennemis de la Picardie ; tout au plus leur a-t-il emprunté un format commode et un vélin sans défaut.

page 84:  Sous cette réserve, que beaucoup jugeront sans doute puérile, l'œuvre de M. Barbier est magistrale. Il y a là un labeur immense, mené à bonne fin, avec une connaissance parfaite du dialecte ionien, avec une persévérance, un talent et un bonheur que sauront apprécier les amateurs de la poésie et du noble langage.

Société des Amis des livres, Annuaire, 1884, p.69/86. Notice "Sur Homère et sur une traduction de l'Iliade en vers français", par Eugène Paillet.

voir la notice complète dans la partie bibliographie/biographie.

 
 Préface.
 

   Tout a été dit sur l'Iliade : toutes les formes de l'éloge ont été épuisées ; toutes les critiques se sont produites. La grande figure d'Homère est restée debout, et le poëte, tenant dans chacune de ses mains l'Iliade et l'Odyssée, les offre sans crainte à l'admiration de la postérité.

   Le premier de ces deux poèmes surtout est en possession, depuis bien des siècles, d'une gloire que l'on peut dire populaire.

   Qu'importent les querelles des savants, les critiques de Lamotte, oubliées aujourd'hui comme les apologies de Mme Dacier ; les recherches érudites de Wolf ou de Grote, tendant à contester l'individualité d'Homère et à établir l'existence de la pléiade des Homérides !

   Ce qui est certain, c'est l'existence et l'unité de l’Iliade, avec ses innombrables beautés, et ses défauts, que nul ne songe à nier, mais qui ne déparent pas une telle œuvre.

   Sainte-Beuve a écrit les lignes suivantes dans ses Nouveaux lundis, à propos des récits de l’Iliade : « Tout cela (voilà le point essentiel) s'est passé avant Solon, avant Pisistrate, avant l'ère des écrivains, de temps immémorial, à cette époque légendaire, créatrice et spontanée, où la Muse dictait les chants à ses favoris, devant un auditoire ému, crédule, passionné, naïf, sans critique aucune, sans autre critérium à lui que sa curiosité et son plaisir. »

   C'est en se rappelant ces pensées si justes que l'esprit goûte la vraie saveur de l’Iliade.

   Je crois utile de rappeler en quelques mots le sujet du poème d'Homère.

   Chacun sait que Paris, un des quarante fils de Priam, roi de Troie, enleva Hélène, femme de Ménélas roi de Sparte. Pour venger cette injure, les Grecs confédérés vinrent assiéger la ville de Troie. Ce siège célèbre dura dix ans, et Troie fut enfin prise et détruite à une date que l'on fixe communément à l'an 1270 avant Jésus-Christ. Le sujet de l’Iliade est un épisode de ce siège : l'action entière du poème embrasse un espace d'environ deux mois. Les Grecs sont déjà depuis neuf ans sous les murs de Troie, lorsque Agamemnon, chef de l'armée, outrage publiquement Achille, le plus vaillant des Grecs. Dans son ressentiment, Achille se retire sous sa tente et ne veut plus combattre. On peut dire que toute l’Iliade se résume dans la colère d'Achille, son abstention, le péril que sa retraite fait courir à l'armée grecque — la mort de son ami Patrocle qu'il venge, et la mort d'Hector qu'il immole aux mânes de Patrocle. Tels sont les principaux faits qui remplissent une action comprise dans 24 chants, lesquels contiennent plus de 15,000 vers.

   Le plan est d'une majestueuse simplicité, et l'œuvre est gigantesque.

   J'ai entrepris de la traduire en vers français, et je commence aujourd'hui la publication des douze premiers chants, qui sont achevés, c'est-à-dire de la moitié de l'ouvrage ; le reste est en préparation. J'ai conservé à chacun de ces douze chants le titre qui lui a été donné par les savants de l'école d'Alexandrie, et je l'ai divisé en quelques paragraphes dont la désignation permettra au lecteur de suivre plus facilement le fil de l'action.

   Bien que chaque chant fasse l'objet d'une publication distincte, la pagination n'aura qu'une seule série numérique pour les douze premiers ce qui permettra aux amateurs de les réunir en un seul et beau volume.

   Enfin, le format spécial que j'ai choisi comporte un certain luxe, et j'ai limité le tirage de cette édition à un nombre restreint d'exemplaires numérotés. J'ai voulu ainsi m'adresser tout à la fois au lettré et au bibliophile.

   Juillet 1878.

voir aussi la préface dans la partie bibliographie/biographie.