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ENTRETIENS
D’HECTOR ET D’ANDROMAQUE.
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es Troyens
et les Grecs
restent seuls
livrés à
leur propre
fureur. Le combat s'étend
de toutes parts dans la
plaine, et les guerriers se lancent des javelots d'airain entre
les rives du Xanthe et du
Simoïs.
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Bellérophon
immole Chimère |
Mais quand la divine Aurore eut ramené le dixième,
jour, le roi de la Lycie interrogea son hôte et lui demanda les
tablettes que lui avait données Prétus ;
puis il lui ordonna d'immoler
l'invincible Chimère, qui est issue des dieux et non des mortels : elle avait
la tête d'un lion, la queue
d'un dragon, le corps d'une chèvre sauvage, et elle vomissait avec
bruit des flammes dévorantes.
Bellérophon, obéissant aux signes envoyés par
la déesse, extermina cet épouvantable monstre ;
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Priére des
troyennes à Athéna |
Quand elles sont arrivées au temple de Minerve, sur le sommet de
la citadelle, la belle Théano, fille de Cissée, et femme du vaillant
Anténor, leur ouvre les portes du sanctuaire : les Troyens l'avaient
établie prêtresse de Minerve. Alors les femmes poussent des cris de détresse et élèvent leurs mains vers la divine Pallas.
Théano prend le voile,
le dépose sur
les genoux de Minerve
à la belle chevelure, et implore en ces termes la fille du puissant
Jupiter :
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Les
lamentations d'andromaque |
« Infortuné, ton courage finira par te perdre ! Tu n'as donc
pas pitié de ce jeune enfant, ni de moi, malheureuse femme,
qui
serai bientôt veuve ? Sans doute les Achéens t'arracheront la
vie en se précipitant sur toi ! Hector, si je devais te perdre,
il vaudrait mieux pour moi que je descendisse dans les profondeurs
de la terre ; car, lorsque tu auras cessé de
vivre,
rien ne pourra me consoler, et il ne me restera plus que la douleur !
J'ai
perdu mon père et ma vénérable mère : — le divin Achille
tua
mon père et ravagea la populeuse ville des Ciliciens, Thèbes
aux portes élevées ; Achille, retenu par une pieuse crainte, n'osa
point
dépouiller mon père de son armure ; il brûla son corps avec
ses
belles armes, et il lui éleva une tombe qu'entourèrent d'ormeaux
les nymphes des montagnes, filles du redoutable Jupiter. J'avais aussi
sept frères ; mais ils descendirent le même jour dans les
sombres demeures : ils furent tous exterminés par l'impétueux Achille tandis qu'ils faisaient paître dans les campagnes leurs
bœufs à la marche pénible et leurs blanches brebis.
Ma
mère, qui
régnait
au pied du mont Placion ombragé de forêts, fut conduite
par
Achille sur ce rivage avec toutes ses richesses ; et le héros ne
lui
rendit la liberté qu'après avoir reçu d'elle une forte rançon.
Mais
lorsqu'elle fut rentrée dans le palais de son époux, elle périt,
frappée
par les flèches de Diane. — Hector, tu es tout pour moi,
père
et frères puisque tu es mon jeune époux ! Prends donc pitié
de
moi, et reste au sommet de cette tour, si tu ne veux point
rendre
ton épouse veuve et ton enfant orphelin ! Place tes soldats
sur la colline des Figuiers : c'est là que la ville est
accessible à l'ennemi et que nos remparts peuvent être aisément
franchis.
Les plus braves des Achéens, les deux Ajax, l'illustre
Idoménée,
les Atrides et le vaillant fils de Tydée, ont déjà tenté
trois
fois d'escalader ces murs, soit par les conseils de quelques devins,
soit qu'ils y aient été poussés par leur propre courage.»
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Allons,
Pâris, volons au combat. J'espère que tout sera réparé le jour où,
après avoir repoussé loin des plaines d'Ilion les Achéens aux belles
cnémides, Jupiter nous permettra d'offrir dans nos demeures la coupe
de la liberté aux éternels habitants de l'Olympe. »
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