Livre II
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SONGE - BÉOTIE

 
Zeus décide d'envoyer un rêve
es autres dieux et les guerriers qui combattent à cheval dormirent toute la nuit : Jupiter seul ne goûta point les douceurs du sommeil. Il méditait dans son âme comment il honorerait Achille, et ferait périr sur leurs vaisseaux les nombreux Achéens. Le dessein qui, dans son esprit, lui semble préférable est d'envoyer à Agamemnon, fils d'Atrée, le pernicieux Onirus.
 
Le rêve arrive chez Agamemnon

Onirus s’envole après avoir entendu cet ordre. Il atteint   bientôt les navires rapides des  Grecs, se rend auprès d'Agamemnon,

 

 et le trouve couché dans sa tente : un sommeil doux comme l'ambroisie l'environnait de toutes parts. Onirus se tient au-dessus de sa tête ; et, prenant les traits de Nestor, fils de Nélée, celui de tous les anciens des Grecs qu'honorait le plus Agamemnon, il lui adresse ainsi la parole :

 
Les grecs veulent repartir

    Ce discours jette le trouble dans le cœur de tous ceux qui n'ont point assisté au conseil. L'assemblée s'agite comme les vastes flots de la mer d'Icare, que soulèvent l'Eurus et le Notus, s'élançant des nuages du dieu paternel ; ou lorsque, dans sa course, le   Zéphyr agite les moissons, et,

  se déchaînant avec violence, fait ondoyer les épis : ainsi s'émeut l'assemblée. Les soldats, en poussant des cris de joie, se précipitent vers la flotte, et sous leurs pieds s'élèvent des tourbillons de poussière.

 
Ulysse frappe Thersite

  A ces mots, il le frappe de son sceptre sur les épaules. Thersite se courbe, verse d'abondantes larmes, et soudain s'élève sur son dos, sous les coups du sceptre d'or, une tumeur sanglante.

 
Le présage

Un horrible dragon, le dos tacheté de sang, et envoyé par le dieu de l'Olympe, s'échappe de l'autel et s'élance vers le platane. Sur la branche la plus haute se trouvaient les petits d'un passereau, au nombre de huit, tendres rejetons se blottissant dans le feuillage : la mère qui leur donna le jour faisait la neuvième. Le monstre dévore sans pitié ces jeunes oiseaux

   

qui poussent des sons aigus ; la pauvre mère en gémissant vole autour de ses enfants chéris ; mais le dragon, se repliant sur lui-même, la saisit par l'aile, et l'infortunée remplit l'air de ses cris.

 
Annonce de la revue

 Dites-moi maintenant, ô Muses de l'Olympe, dites-moi quels furent les chefs et les princes des Danaens. Je ne parlerai pas de la multitude ; je ne pourrai même la nommer quand j'aurais dix langues, dix bouches, une voix infatigable et une poitrine d'airain, à moins cependant que les célestes Muses, filles du dieu qui tient l'égide, ne me rappelassent tous ceux qui vinrent sous les murs d'Ilion. Je dirai seulement quels entaient les chefs et le nombre des vaisseaux.

 

Les cavales les plus renommées sont celles que conduit Eumèle, fils de Phères : rapides et légères comme l'oiseau, elles sont de  

même âge et semblables par la taille et par la couleur de leur poil ; elles furent élevées dans les champs de Pérée par Apollon à l'arc d'argent, et elles jettent la terreur dans les combats.

 

 

 Enfin Sarpédon et le sage Glaucus commandent les Lyciens, venus du fond de la Lycie, loin du Xanthe impétueux.