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Les funérailles d'Elpénor |
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A
ma voix, mes amis, dans leur rapide essor,
Au
palais de Circé vont chercher Elpénor.
Soudain,
coupant les bois dont l'ombrage s'élève
A
l'endroit le plus haut qui domine la grève,
L'œil
en pleurs, consumés de regrets douloureux,
Nous
livrons sa dépouille et ses armes aux feux ;
Son
tombeau, surmonté d'une longue colonne,
De
sa rame superbe au sommet se couronne.
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Ulysse tenté par les sirènes |
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De
tous mes compagnons, à leur poste immobiles,
Lorsque
j'en ai rempli les oreilles dociles,
Et
mes pieds et mes bras au grand mât du vaisseau
Par
de solides nœuds s'entrelacent ; mais l'eau
Sous
les rames encor blanchit ; jusqu'à la rive
La
nef, à la distance où la parole arrive,
Toujours
vogue, et ne peut, s'approchant sans retard,
Des
Sirènes tromper les avides regards.
«
Viens ! me dit mollement leur voix enchanteresse,
Viens
! ô fameux Ulysse ! ornement de la Grèce !
Arrête
ton vaisseau. Nul ne franchit ces lieux
Sans
avoir entendu nos chants harmonieux.
L'âme
par nos accords doucement attendrie,
Tous
rentrent plus instruits au sein de leur patrie.
Dans
Troie aux larges murs nous savons quels travaux
Les
Dieux ont imposés à deux peuples rivaux.
Le
monde entier n'a rien que notre esprit ignore ! » |
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Au pays des sirènes |

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Scylla dévore six compagnons d'Ulysse |

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D'une
part est Scylla ; de l'autre avec colère
Charybde
en mugissant dévore l'onde amère.
Une
pâle terreur glace mes compagnons.
Menacés
du trépas combien nous frémissons
Quand
le monstre engloutit dans ses gueules avides
Six
des plus vigoureux et des plus intrépides !
Loin
du léger vaisseau je les vois tous, hélas !
Élever
sur la mer et leurs pieds et leurs bras,
Et
chacun d'eux, saisi d'une douleur mortelle,
Pour
la dernière fois lugubrement m'appelle.
Tressaillant,
devant l'antre où Scylla les dévore,
De
leurs mains, à grands cris, ils m'imploraient encore.
Non,
depuis que des mers j'affronte les fureurs,
Mes
yeux n'avaient jamais contemplé tant d'horreurs. |
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Les compagnons abattent les bœufs de Hélios |

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Il
dit, tous l'approuvant de leurs communs transports,
Saisissent
sans délais et poussent vers ces bords
Les
bœufs au large front, les génisses superbes,
Qui
non loin du vaisseau paissaient les molles herbes.
Un
grand chêne, tandis qu'ils implorent les cieux,
De
son tendre feuillage est dépouillé par eux ;
L'orge
blanche manquait dans le profond navire.
On
prie, et du troupeau qui sous le glaive expire,
Les
membres découpés et de graisse éclatans
Se
recouvrant deux fois de lambeaux palpitans.
Ne
pouvant épancher sur l'offrande embrasée
La
vermeille liqueur tout entière épuisée,
Ils
versent l'onde pure, et le foyer brûlant
Des
cuisses a reçu chaque débris sanglant ;
Puis
ils goûtent les chairs; et les parts étendues
A
de longs javelots s'étalent suspendues. |
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Tous les compagnons d'Ulysse
périssent dans la tempête |

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La
terre a disparu ; déjà de toutes parts
Seul
le ciel et la mer s'offrent à nos regards,
Quand,
d'un brouillard profond couvrant notre navire,
Jupiter
obscurcit le maritime empire.
Après
un court trajet, le Zéphyre bruyant,
Rapide
messager d'un orage effrayant,
Se
précipite, et vient par un brusque ravage
Du
mât des deux côtés rompre l'épais cordage.
Les
agrès démontés se dispersent ; le mât
Vers
la proue ébranlée en arrière s'abat.
Le
pilote tremblant dont il brise la tête,
Tombe
comme un plongeur et meurt dans la tempête,
Avec
un bruit affreux. Jupiter en courroux
Fait
voler son tonnerre ; ébranlé par ses coups,
Le
navire, fumant d'un nuage de soufre,
Tournoie,
et m'es amis, en roulant dans le gouffre,
Pareils
à la corneille, auprès du vaisseau noir
S'égarent
; du retour un Dieu détruit l'espoir. |
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Ulysse échappe à Charybde |
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Je
tombe et je m'assieds sur ces poutres errantes,
A
l'aide de mes mains je rame avec efforts.
Le
père des mortels ne permit pas alors
Que
Scylla m'aperçût ballotté sur l'abîme ;
D'un
horrible trépas j'aurais péri victime.
Seul,
égaré neuf jours, à la dixième nuit,
Par
la pitié de Dieux je fus enfin conduit
Dans
l'île d'Ogygie où, puissante déesse,
La
belle Calypso recueillit ma détresse.
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