Minerve aux yeux d'azur répond : 0 notre père !

 Fils de Saturne! ô toi, le maître de la terre !

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 Mais mon cœur généreux que le chagrin dévore,

 Songe au vaillant Ulysse, et ma pitié déplore

 Le malheureux qui seul, de flots environné,

 Pleurant ses compagnons, gémit abandonné.

 Là du milieu des eaux une île au loin se dresse.

 Une île verdoyante où règne la déesse,

 Fille de cet Atlas, qui de ses yeux perçants

 Sonde des vastes mers les gouffres menaçants.

 Et lui-même soutient les colonnes altières,

 De la terre et du ciel immobiles frontières.

 Par de tendres discours, par un charme vainqueur

 Elle espère effacer Ithaque de son cœur;

 Mais lui, se rappelant sa rive bien-aimée,

 Conseil des Dieux

Pallas aux yeux d'azur a répondu soudain :

O mon père ! ô toi, monarque souverain!

Puissant fils de saturne ! à son natal rivage

Si les dieux veulent rendre un mortel juste et sage,

Que l'habile Mercure, accomplissant nos vœux

Auprès de Calypso, déesse aux beaux cheveux,

Dans l'île d'Ogygie à pas légers descende,

Et s'apprête au départ que notre arrêt commande.

Télémaque s'avance, et Minerve le suit.

Dans la maison, auprès d'une haute colonne

Il dépose la lance et sa main l'emprisonne

Dans l'armoire luisante, où, terrible aux combats,

Ulysse de ces traits avait posé l'amas.

Vers uu trône superbe il mène la déesse;

D'un beau tissu de lin l'ondoyante souplesse

S'y déploie; à ses pieds l'escabelle s'étend.

Lui-même il va s'asseoir sur un siége éclatant,

Loin des chefs orgueilleux qui par leur insolence

Du paisible festin troubleraient le silence,

Et ne rougiraient pas d'offenser l'étranger,

Que sur un père absent il veut interroger.

Alors, une servante apportant une aiguière,

Qu'un or étincelant embellit tout entière

Pour arroser leurs mains, d'un zèle vigilant

En faisant couler les eaux dans un bassin d'argent.