Ma première lecture de l'Iliade
fut à quatorze ans lorsque j'apprenais
le grec au Collége Barleaus à Amsterdam, Hollande. Comme je relisai l'Iliade,
cette fois-ci, du premier vers au dernier, la monstruosité et la beauté de la
guerre m'ont bouleversé.
La destruction au hasard, la
violence comme amusement, les frasques immatures de l’attaque cruelle, la
folie de se détruire, l'absurdité de sa fierté dans la puissance, la vanité
de son aspect par la brillance de son armure prevaut --
bien que nous sachions que cela se terminera dans la poussière et le sang.
Il est
parfois difficile de reconnaître et comprendre que tout ceci existe en
effet.
Cela m’a pris trente ans avant que je
puisse exprimer visuellement chacunes
de ces horreurs et désespoirs dont j'ai été témoin et j'ai souffert durant
la guerre. Je dis horreur et désespoir -- que diriez-vous de l'ennui,
de la mélancolie, de la peur, du ridicule de la folie?
Il y a le
plus mauvais de la vanité et le plus mauvais de l'indignité. J'ai été
stupéfié par la grandeur des personnages ; j'ai été choqué par leur
mesquinerie. J'ai assisté aux actes les plus étonnants du sacrifices et
aux actes vils de la perversité et de la cruauté. Mais un sentiment dominait
que l'on ne pouvait plus être fier d’être un humain. Nous
persistons toujours pour ressembler à un paon.
J'ai vécu
toutes ces années avec la mélancolie de la désillusion et du sentiment
presque coupable de ma survie miraculeuse.
J'ai vu des
personnes innocentes battues à mort. Je n'ai pas même osé bouger ou la
même mort aurait été mon destin.
Etre
prisonnier et esclave, et en même temps à la merci du caprice de quiconque
aurait le pouvoir, est la pire expérience dont je me souvienne.
J’ai vu les
actes les plus merveilleux de la compassion, de l’héroïsme désintéressé et
spontané. Il y avait solidarité et entre-aide parmi des étrangers,
trahisons au sein d’une famille.
Jamais
horreur et la beauté étaient ainsi décrites.
L'amour et
la haine étaient un seul mot.
Jan COX, May 16, 1975,
Boston.