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Le devin m'a prescrit d'aller chez les mortels de ville en ville, ayant
à la main une rame bien faite, sans m'arrêter avant le moment où je serais
parvenu chez des peuples qui ne connaissent pas la mer et ne mangent point
d'aliments assaisonnés de sel, qui ignorent les vaisseaux aux flancs rouges et
les rames bien faites, ailes des navires. Et il m'a indiqué pour cela un signe
certain : je ne te le cacherai point. Je serai arrivé quand, me rencontrant, un
autre voyageur dira que j'ai un
battoir à vanner sur ma robuste épaule. Alors il me faudra planter ma rame en
terre, puis faire au roi Posidon le magnifique sacrifice d'un bélier, d'un
taureau, d'un verrat capable de saillir les truies : je reviendrai alors en ma
maison et devrai offrir de saintes hécatombes aux dieux immortels ; habitants du
vaste ciel, sans en omettre aucun : et dans la suite, loin de la mer, je
trouverai, moi, une mort bien douce, succombant de vieillesse, riche au milieu
de peuples fortunés.
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