La
tempête |

Comme
il venait de parler ainsi, une grande vague, à pic, se ruant terriblement sur
lui, l'atteignit et retourna le radeau. Lui-même tomba loin de l'embarcation
et laissa le gouvernail échapper de ses mains ; le mât fut cassé en deux par
la terrible violence des vents, qui le battaient tous ensemble et en semèrent
au loin les débris ; le gaillard s'effondra dans la mer. Ulysse fut englouti
pendant un long temps ; il ne put sortir aussitôt des flots, empêché par l'élan
d'une grande vague. Il était alourdi par les vêtements que lui avait donnés
l'auguste Calypso. Il émergea enfin, rejeta de sa bouche l'âcre eau salée,
qui dégouttait en abondance et avec bruit de sa tête. Mais, malgré son
accablement, il n'oublia pas son radeau ; nageant parmi les vagues, il parvint
à s'en saisir et s'assit au milieu, cherchant à éviter le terme de la mort.
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