Chant XII

Remonter

   
 Hector brise la porte du camp grec.

Hector, lui, saisit et souleva une pierre dressée devant la porte, large à la base, pointue au sommet : deux hommes, les plus forts du peuple, auraient peine à la charger du sol sur un chariot, avec des leviers, — j'entends deux humains d'aujourd'hui ; — mais Hector la brandissait facilement, et seul : le fils de Cronos à l'esprit retors la lui rendait légère. Comme un berger porte aisément la toison d'un bélier, seul, et d'une main, et cette charge lui pèse peu, Hector portait la pierre qu'il avait soulevée droit vers les panneaux qui défendaient la porte, étroitement, solidement ajustée, à deux battants, et haute; à l'intérieur, deux barres entrecroisées la fermaient, maintenues par une seule clavette.

Hector s'arrêta tout près, et, bien campé, lança la pierre au milieu de la porte, en écartant les jambes, pour que son projectile ne manquât pas de force. Il brisa les deux gonds ; la pierre tomba à l'intérieur, par son poids ; bruyamment la porte mugit à l’entour ; les barres ne résistèrent pas ; et les panneaux, fendus, sautèrent de côtés et d'autres, sous le choc de la pierre. 

Alors s'élança l'illustre Hector, avec l'aspect de la nuit rapide. Il brillait du bronze terrible qui le couvrait.