La chasse au sanglier

Remonter

   
     
     
     
Bareste (1843)    

Quelques années après Ulysse partit donc pour chercher ces présents. Quand il eut atteint le mont Parnèse, Autolycus et ses fils, lui serrant les mains, l'accueillirent avec amitié et lui adressèrent de douces paroles ; Amphithée , son aïeule, le serra dans ses bras et lui baisa la tête et les yeux. Alors le roi commanda à ses illustres fils de préparer le repas ; ceux-ci obéissant aux ordres de leur père, amenèrent un bœuf âgé de cinq ans qu'ils écorchèrent ; puis ils le dépecèrent entièrement, le divisèrent en morceaux, le firent rôtir avec soin, et le distribuèrent ensuite aux convives. Pendant tout le jour et jusqu'au coucher du soleil, il se livrèrent aux plaisirs du festin. Lorsque le soleil s'inclina vers la terre et que les ténèbres descendirent des cieux, ils se retirèrent pour goûter les douceurs du sommeil.

    Le lendemain, dès que brilla la divine Aurore, les fils d'Autolycus, accompagnés d'Ulysse et suivis de leurs chiens, partirent pour la chasse. Ils gravirent le mont Parnèse couvert de forêts, et atteignirent bientôt les sommets exposés aux vents de cette haute montagne. Déjà le soleil sortait des profondeurs de l'Océan pour éclairer de ses rayons les fertiles campagnes. Les chasseurs et leurs chiens traversent les vallons en cherchant la trace des bêtes sauvages ; mais le divin Ulysse se tient tout près des chiens en agitant sa longue lance. Là, un énorme sanglier était couché dans un épais buisson impénétrable au souffle des vents humides, aux splendides rayons du soleil et aux impétueux torrents du ciel ; là, un grand amas de feuilles couvrait la terre. Les pas des chasseurs et le bruit que font les chiens retentissent à l'oreille de ce monstrueux animal, qui sort de son repaire, court à leur rencontre, et s'arrête non loin d'eux : le poil de sa tête est hérissé, et la flamme étincelle dans ses regards. Ulysse se précipite le premier contre l'animal, en tenant sa longue lance dans ses mains vigoureuses ; mais le sanglier, d'un coup oblique de sa défense, frappe Ulysse au-dessus du genou, et, sans parvenir jusqu'à l'os, il lui fait dans les chairs une large plaie. Soudain le jeune héros plonge sa lance dans le côté droit du sanglier, qui roule dans la poussière et rend le dernier soupir. Les fils d'Autolycus accourent aussitôt ; ils bandent soigneusement la plaie d'Ulysse, et arrêtent le sang noir qui coulait de sa jambe en récitant des paroles magiques ; puis ils retournent au palais de leur père. — Autolycus et ses fils, après avoir guéri l'irréprochable Ulysse, le comblèrent de présents et le renvoyèrent joyeux dans sa chère patrie. Son père et sa vénérable mère, charmés de son retour, l'interrogèrent sur ce qu'il lui était arrivé pendant son voyage, et sur la cicatrice qu'il avait au genou. Ulysse leur raconta avec le plus grand soin comment un sanglier l'avait frappé de ses dents d'ivoire pendant qu'il chassait sur le mont Parnèse avec les fils d'Autolycus.