A
peine Télémaque a-t-il parlé qu'à sa droite s'envole un aigle emportant
dans ses serres une oie blanche et apprivoisée qu'il avait enlevée
d'une cour ; des hommes et des femmes le suivaient en poussant de
grands cris ; mais l'aigle s'approchant toujours et volant à la
droite des héros, passe devant les coursiers. A cette vue Télémaque
et Pisistrate se réjouissent, et l'espérance renaît
dans tous les cœurs. Aussitôt le fils de Nestor fait entendre ces
paroles :
«
Ménélas, un dieu nous montre un prodige, ou bien il l'envoie pour
toi, noble pasteur des peuples. »
Il dit,
et le fils d'Atrée, chéri de Mars, réfléchit comment il pourra lui
répondre d'une manière convenable. Mais Hélène au long
voile le prévient en disant :
«Écoutez-moi,
jeune héros: je vais, avec
l'inspiration des dieux, vous
interpréter ces oracles, et j'espère qu'ils s'accompliront ainsi.
De même que cet aigle vient d'enlever une oie blanche et nourrie
dans l'étable, en
s'éloignant des montagnes, séjour de sa naissance
et de ses aiglons : de même Ulysse, après avoir beaucoup souffert
et longtemps erré, reviendra dans sa demeure pour se venger de ces
jeunes audacieux. Peut-être même est-il déjà dans Ithaque, et y médite-t-il
la mort des prétendants. »
Télémaque
lui
répond en ces termes :
«
Que Jupiter, le formidable époux de la belle Junon, accomplisse cet oracle, et je jure, ô Hélène,
de t'implorer dans ma
patrie comme une divinité ! »
Alors
il frappe ses coursiers qui traversent rapidement la ville
et s'élancent
dans les campagnes ; durant tout le jour ils agitent le
joug qui les rassemble.