Le présage au départ de Télémaque
Remonter

   
     
     
     
Bareste (1843)    

          A peine Télémaque a-t-il parlé qu'à sa droite s'envole un aigle emportant dans ses serres une oie blanche et apprivoisée qu'il avait enlevée d'une cour ; des hommes et des femmes le suivaient en poussant de grands cris ; mais l'aigle s'approchant toujours et volant à la droite des héros, passe devant les coursiers. A cette vue Télémaque et Pisistrate se réjouissent, et l'espérance renaît dans tous les cœurs. Aussitôt le fils de Nestor fait entendre ces paroles :

    « Ménélas, un dieu nous montre un prodige, ou bien il l'envoie pour toi, noble pasteur des peuples. »

    Il dit, et le fils d'Atrée, chéri de Mars, réfléchit comment il pourra lui répondre d'une manière convenable. Mais Hélène au long voile le prévient en disant :

    «Écoutez-moi, jeune héros: je vais, avec l'inspiration des dieux, vous interpréter ces oracles, et j'espère qu'ils s'accompliront ainsi. De même que cet aigle vient d'enlever une oie blanche et nourrie dans l'étable, en s'éloignant des montagnes, séjour de sa naissance et de ses aiglons : de même Ulysse, après avoir beaucoup souffert et longtemps erré, reviendra dans sa demeure pour se venger de ces jeunes audacieux. Peut-être même est-il déjà dans Ithaque, et y médite-t-il la mort des prétendants. »

    Télémaque lui répond en ces termes :

    « Que Jupiter, le formidable époux de la belle Junon, accomplisse cet oracle, et je jure, ô Hélène, de t'implorer dans ma patrie comme une divinité ! »

    Alors il frappe ses coursiers qui traversent rapidement la ville et s'élancent dans les campagnes ; durant tout le jour ils agitent le joug qui les rassemble.